La police argovienne dissout un rassemblement d'extrême droite et expulse un idéologue autrichien
L'orateur de la manifestation a été interpellé et expulsé du territoire cantonal pour "assurer la sécurité publique et empêcher une confrontation" avec des personnes opposées à ses idées, a indiqué dimanche la police dans un communiqué. Dans le même temps, la police a pu empêcher l'arrivée d’opposants politiques, ajoute-t-elle.
Personne n'a été blessé. La manifestation, organisée par le groupe d'extrême droite Junge Tat, a été dispersée, ajoute la police. Une centaine de personnes se trouvaient à Tegerfelden.
Interrogée par la RTS, la police argovienne a précisé n'avoir pour le moment aucun indice d'actes délictueux. Elle a confirmé que la personne arrêtée était bien Martin Sellner.
La police explique que la propriétaire de l'immeuble avait résilié le contrat de location dès qu'elle a appris le contenu de la manifestation. La police avait demandé aux organisateurs d'annuler l'événement. Une demande qui n'a pas été respectée.
A noter également que la police cantonale zurichoise avait - en amont de la visite - demandé à la Confédération de prononcer une interdiction d'entrée sur le territoire pour Martin Sellner... sans préciser les raisons de cette requête. Pour l'heure, on ne sait pas si la demande a abouti ou non.
Elon Musk réagit
Martin Sellner porte un projet d'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère, y compris par la force, connu sous le nom de "remigration" (lire encadré).
L'intervention de la police argovienne a attiré l'attention d'Elon Musk, le propriétaire du réseau social X (ex-Twitter). Dans un message publié samedi sur la plateforme, il a réagi à un message de Martin Sellner dénonçant son "expulsion". "Est-ce légal ?", a demandé le milliardaire américain.
cd/kkub avec ats
Martin Sellner, figure montante de la droite identitaire en Europe
Martin Sellner est cofondateur du Mouvement identitaire d'Autriche. Son nom était apparu en 2019 dans les médias après la tuerie islamophobe de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, car il avait eu des contacts réguliers avec le tueur.
Il été le premier à prendre la parole à Potsdam lors d'une rencontre secrète de l’extrême droite à laquelle des politiciens du parti AfD avaient aussi participé, scandalisant l’Allemagne et provoquant dans tout le pays de vastes manifestations.
>> Lire : Les manifestations contre l'extrême droite se poursuivent en Allemagne
En Suisse, il a été convié par les activistes alémaniques de Junge Tat, un groupuscule de droite radicale qui avait revendiqué l’année dernière une action contre la communauté LGBT à Zurich, pour parler du concept central de son idéologie xénophobe: la 'remigration'. L'idée derrière ce concept est l'expulsion, volontaire ou non, des demandeurs d’asile, des étrangers et des "citoyens non assimilés".
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Samedi soir, le président de Mass-Voll, Nicolas Rimoldi, était aussi présent. Son mouvement, né de la lutte contre les mesures sanitaires pendant la pandémie de Covid-19, milite désormais également dans le camp de l’extrême droite.
Les Jeunes UDC du canton d’Argovie ont de leur côté manifesté samedi soir sur les réseaux sociaux leur solidarité avec l’Autrichien expulsé.