Les quelque 500 manifestants, selon les syndicats, exigent le maintien de l'aciérie et l'abandon de nouveaux licenciements. "Sauvez ces emplois", a lancé à l'adresse du Conseil fédéral Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse et conseiller aux Etats socialiste. Il y a une semaine, Stahl Gerlafingen avait annoncé son intention de licencier 120 collaborateurs.
Une fermeture serait désastreuse non seulement pour les quelque 500 salariés et salariées, mais aussi pour les objectifs climatiques de la Suisse, écrivent dans un communiqué les syndicats Unia et Syna ainsi que la Société suisse des employés de commerce et Employés Suisse. Ceux-ci demandent à l'entreprise de Gerlafingen de renoncer à tout licenciement et de privilégier le chômage partiel. Si un précieux savoir-faire est supprimé maintenant, la pérennité de l'usine sera encore plus menacée.
Une intervention de l'Etat demandée
Le patron de l'entreprise Alain Creteur était aux côtés de ses employés et demande au Conseil fédéral d'agir. L'augmentation des coûts du transport de l'énergie et du gaz est un "grand problème", déclare-t-il dans le 12h30. "Nous demandons les mêmes conditions que nos pays voisins", soit 10-15 francs le mégawatt contre 60 francs le mégawatt en Suisse.
Pierre-Yves Maillard a exprimé son soutien aux employés: "Dans un certain nombre de domaines, la Suisse doit garder son autonomie. Cela passe par des plans de sauvetage. Nous l'avons fait pour UBS, pourquoi pas pour Stahl Gerlafingen?"
Déjà des licenciements ce printemps
Stahl Gerlafingen est une filiale du groupe italien Beltrame. Dans une interview il y a une semaine, son propriétaire Antonio Beltrame s'est dit déçu par le Conseil fédéral. Il ne veut pas abandonner l'aciérie. Mais l'Etat suisse et la politique énergétique pourrait l'y contraindre.
Si les conditions générales ne changent pas, l'entreprise risque de fermer, a-t-il aussi déclaré dans la NZZ am Sonntag. "Je suis un entrepreneur. Je ne peux pas perdre de l'argent tous les jours", a-t-il aussi relevé.
Fin septembre, le Conseil national a exigé une aide immédiate pour l'aciérie menacée de Gerlafingen. Le Conseil fédéral a été chargé de prendre des mesures pour sauver l'usine, en collaboration avec le canton de Soleure et l'entreprise. Le gouvernement fédéral avait toutefois déjà rejeté l'idée d'un soutien étatique à certaines entreprises ou branches.
L'avenir de l'aciérie est incertain depuis un certain temps déjà. Au printemps dernier, elle a déjà décidé de fermer une ligne de production, ce qui a entraîné la suppression d'une soixantaine d'emplois.
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Reportage radio: Céline Fontannaz
Texte web: ostolu avec ats
Une importance stratégique pour la transformation énergétique
En tant que plus grande entreprise de recyclage du pays, Stahl Gerlafingen approvisionne le secteur suisse de la construction en acier recyclé, dont la production génère cinq fois moins d'émissions de CO2 que l'acier traditionnel.
L'usine revêt une importance stratégique pour la nécessaire transformation écologique de l'économie suisse, ajoutent les syndicats.