Dans son jugement rendu vendredi, le Tribunal d'arrondissement de Bucheggberg-Wasseramt (SO) a suivi en grande partie l'avis de la procureure. Cette dernière avait exigé une peine de prison à perpétuité pour ce double assassinat. La défense avait plaidé, en vain, le double meurtre et demandé que la sanction n'excède pas 13 ans de prison.
Troubles psychiques
La prévenue devra suivre une thérapie ambulatoire en milieu carcéral. Elle souffre d'un syndrome borderline et d'un trouble de la personnalité histrionique. La quadragénaire devra verser, en outre, une réparation de 140'000 francs au père des victimes et de 70'000 à leur soeur aînée, ainsi que des indemnités pour les coûts de prise en charge à venir.
L'accusée de nationalité suisse a commis son double crime dans l'appartement qu'elle partageait depuis quelques mois avec ses trois filles, suite à sa séparation avec son mari. Ce dernier avait demandé le divorce. Le matin du 16 janvier 2021, elle a tué ses victimes dans leurs lits, l'une après l'autre, d'un coup de couteau de cuisine en plein coeur, avant d'appeler la police.
Pour se venger de son mari
La mère de famille ne s'est pas attaquée à sa fille aînée de 12 ans, issue d'une relation précédente. Selon le Ministère public, elle s'est vengée de son mari en assassinant leurs deux filles, car il voulait divorcer et gérait bien sa vie, contrairement à elle.
La veille de son acte assassin, elle avait passé deux coups de téléphone à son mari pour lui demander de venir, car elle allait mal. Ce dernier a refusé, car il partait en week-end à la montagne avec une amie de la famille, dont elle était jalouse.
Intention suicidaire mise en doute
Face aux juges, la prévenue a déclaré avoir eu l'intention de se suicider et ne pas avoir voulu laisser les deux filles à leur père qu'elle considérait comme dangereux. Elle avait porté des accusations infondées contre lui auprès des autorités, ce qui lui vaut d'être aussi condamnée à une peine pécuniaire avec sursis pour diffamation. En outre, les enquêteurs n'ont retrouvé aucun préparatif laissant supposer qu'elle allait se suicider.
Pour la Cour, les facteurs qui ont conduit au crime sont multiples. La mère de famille italophone et partiellement francophone s'est installée avec ses filles dans une commune alémanique où elle ne connaissait personne. Seule avec ses trois enfants, elle était dépassée, épuisée, désespérée et en colère contre son mari.
Traumatisée par son enfance
L'accusée a aussi raconté son enfance traumatisante dans la pauvreté, en Amérique du sud. Petite, elle inhalait de la colle dans la rue avec d'autres enfants pour oublier la faim.
Elle a ensuite vécu dans un orphelinat avant d'être adoptée en Suisse à l'âge de 8 ans, sans y être préparée. Marginalisée à l'école, l'accusée a vécu une enfance malheureuse.
Les motifs de l'assassin n'en demeurent pas moins "purement égoïstes" et sa culpabilité est lourde, estiment les juges qui ont tenu compte, notamment, de ses troubles psychiques et de son passé en fixant sa peine.
ats/fgn