Pour lutter contre le crack, Coire veut pouvoir fournir de la cocaïne aux personnes dépendantes
Ces dernières années, Coire est devenue l’une des scènes de la drogue les plus importantes de Suisse. Pour tenter de maîtriser ce phénomène, le dicastère des Affaires sociales de la ville grisonne explore une nouvelle voie: la prescription médicalisée de cocaïne aux personnes qui souffrent d’une dépendance grave, rapporte le Sonntagsblick. Pour l'heure, cette pratique est interdite en Suisse.
Lausanne y réfléchit, Genève s'y oppose
La distribution se ferait sous de strictes conditions, à l'instar de ce qui se fait depuis une trentaine d'années avec l'héroïne, précisent les autorités de Coire. Selon elles, cela permettrait de diminuer le stress des personnes addictes à la substance, en constante recherche de produits, et de calmer la situation dans les rues de la ville.
Face à l'échec d'autres approches, la Commission fédérale pour les questions liées aux addictions propose déjà d'expérimenter la prise en charge thérapeutique par la remise de cocaïne médicale. Mais au niveau politique, la Ville de Coire est la première à lancer publiquement un appel en ce sens.
D'autres villes, dont Lausanne, réfléchissent à la question. Avant toute chose, il s'agit de s'assurer que la Suisse dispose d'un cadre légal adapté. Genève, de son côté, y serait opposée en raison des effets nocifs de la drogue sur le plan physique et psychique, selon le Sonntagsblick.
Le crack, un problème de santé et de sécurité
Depuis plusieurs années, les villes suisses font face à la recrudescence de la consommation de crack, un dérivé de la cocaïne qui se présente généralement sous la forme de petits cailloux. Et le comportement de certains "crackeurs" provoque régulièrement des tensions dans l'espace public ainsi que dans les espaces légaux de consommation.
A Genève, ils ont été bannis provisoirement du Quai 9, le local de consommation et d'injection de drogues situé à deux pas de la gare. Ils devraient à nouveau être accueillis à partir de l'an prochain dans un nouvel espace surveillé. Lausanne, de son côté, a récemment ouvert une deuxième antenne de consommation.
>> Lire à ce sujet : Le crack n'est plus le bienvenu dans le local d'injection genevois Quai 9
Camille Besse/dk
Quid du deal de rue?
La distribution de cocaïne permettrait également de lutter contre le deal de rue, estiment les autorités de Coire. A Lausanne, on se montre plus prudent. Municipale chargée de la Cohésion sociale, Emilie Moeschler rappelle que le deal de rue est essentiellement alimenté par la cocaïne récréative, donc occasionnelle. Et dans ce domaine, il n'est pas question d'autoriser la prescription.