Que faire de ses excédents budgétaires? Le dilemme du très riche canton de Zoug
Que faire quand les caisses de l'Etat sont archi-pleines? La question agite Genève depuis la présentation, il y a une dizaine de jours, d'un excédent record de revenus de 1,4 milliard de francs, alors qu'un déficit de 500 millions de francs avait été inscrit au budget 2023.
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Le canton du bout du lac n'est pas le seul à crouler sous les milliards. Zoug, petit canton de Suisse centrale dont la fiscalité attire de nombreuses entreprises, enchaîne les excédents records depuis des années. Mais aujourd'hui, après le rejet récent en votation de deux grands projets de tunnels, il se retrouve avec plus d'argent que jamais.
Là-bas, on ironise parfois, parlant de "Geldproblem" (problème d'argent du canton). Ces dernières semaines, la presse locale s'y est intéressée, imaginant différentes façons d'utiliser cette somme à disposition, soit un bon milliard de francs.
"Une gigantesque piste de ski intérieure"?
Parmi les idées évoquées, des transports publics moins chers ou même gratuits pour certaines catégories, voire carrément pour tout le monde, explique Rahel Hug, la rédactrice en chef du Zuger Zeitung. "On a aussi lancé une idée humoristique qu'il ne faut bien sûr pas prendre au sérieux, celle de construire avec cet argent une gigantesque piste de ski intérieure. Ce qui serait absurde tant pour le climat que techniquement. Mais nous voulions aussi une idée pour rire."
Au sein du temple des finances zougoises, le ministre Heinz Tännler ne cache pas sa satisfaction d'avoir au fil des ans des comptes toujours plus florissants. Mais il tempère le concours d'idées tous azimuts. "Cela ne veut pas dire qu'il faille se plier à cette chorale de demandes qu'on entend actuellement. Il faut utiliser cet argent, qui est celui du contribuable, de façon intelligente et ne pas le laisser s'évaporer. Cela, nous ne le voulons pas."
Badauds partagés
Dans les rues de Zoug, tout le monde a entendu parler des finances excédentaires du canton, même les expatriés chez qui la situation financière zougoise suscite la curiosité. "Je suis belgo-autrichien. Je crois que c'est assez unique, spécialement de nos jours, d'avoir un tel excédent", sourit par exemple l'un d'eux au micro du 19h30.
Alors pourquoi pas dépenser un peu? Les badauds zougois sont partagés.
"Plutôt pour des dépenses sociales", considère par exemple l'une d'entre eux. Mais pas trop non plus, tempère un autre: "Ce n'est pas parce qu'on a de l'argent dans les caisses qu'il faut forcément le dépenser." Alors qu'un troisième met le doigt sur l'importance d'avoir de bonnes réserves: "On ne sait pas comment la situation va évoluer."
A Zoug, le fameux milliard en trop va sans doute encore occuper les discussions à venir.
Séverine Ambrus/fgn