Double national, le Tessinois d'adoption et vice-premier ministre de son pays d'origine, le Kosovo, Behgjet Pacolli est bien décidé à reconquérir le sommet du pouvoir. C'est la raison pour laquelle il se défait d'une partie de son gigantesque patrimoine. Le groupe Mabetex, fondé par Behgjet Pacolli au début des années nonante, a son siège à Lugano-Paradiso.
Ses activités concernent la construction, le show business, les médias et l'hôtellerie. L'immeuble qui abrite le siège est couvert d'un marbre rare, qui symbolise la réussite fulgurante de celui que l'on surnomme tour à tour, "le Berlusconi des Balkans" ou "l'émigré atypique", et qui passe pour être le Kosovar le plus riche du monde.
La poursuite du rêve kosovar
Le somptueux édifice de Lugano est donc à vendre, tout comme une part importante des activités du groupe, dirigé en partie par des proches du milliardaire. C'est précisément pour poursuivre son rêve kosovar, soit devenir enfin Premier ministre de son pays, que le Tessinois d'adoption se sépare de ces biens.
Elu à la tête du gouvernement en février 2011 et à une très faible majorité, il avait été contraint de céder son fauteuil à Hashim Thaçi, moins de deux mois plus tard, sur décision de justice. Il n'a jamais accepté cette situation et c'est pourquoi le milliardaire se consacre aujourd'hui à son élection. Il veut faire vite. En témoigne notamment le montant requis pour le siège de la Mabetex: plus d'un tiers inférieur aux prix du marché dans cette commune prise d'assaut pour son taux d'imposition, selon un acquéreur qui a juré de saisir l'occasion.
Nicole Della Pietra/am
Un passé trouble
Les affaires et les amitiés sulfureuses de Behgjet Pacolli ont régulièrement soulevé des réserves. Dès janvier 1999, il s'était aussi retrouvé dans l'œil de mire de Carla del Ponte, alors procureure de la Confédération, pour soupçon de corruption dans le présumé scandale Eltsine/Mabetex.