Il y a 75 ans, la plus petite communauté linguistique helvétique a fêté un grand moment: le 20 février 1938, le romanche est devenu la quatrième langue nationale à l'issue d'une votation qui devait doper la cohésion à l'orée de la Deuxième Guerre mondiale.
Résultat sans appel
Le résultat a été sans appel: 91,6% des votants - les femmes n'avaient alors pas encore le droit de vote - ont approuvé l'accès du romanche au statut de langue nationale. Seuls deux autres scrutins ont obtenu des "oui" encore plus nets: celui sur l'impôt de guerre en 1915 (93,3%) et celui sur l'article sur la protection de l'environnement en 1971 (92,7%).
Dans le contexte de l'instabilité des années 1930, le conseiller fédéral Philipp Etter s'est saisi de l'objet pour stimuler la défense spirituelle.
Une campagne de propagande sans précédent a été lancée, raconte le linguiste grison Rico Valär, qui publie en avril un livre sur la votation.
90 ans d'attente
L'euphorie qui régnait il y a 75 ans et la présentation du rhéto-romanche comme le ciment de la Suisse ont mis fin à une attente de 90 ans pour la reconnaissance du romanche. Après le vote, 60 autres années se sont écoulées avant que le romanche ne devienne une langue officielle, du moins partiellement.
Depuis 1996, la Confédération est tenue de pouvoir communiquer en romanche avec les personnes de cette langue.
ats/aduc
Le romanche de nos jours
Aujourd'hui, 60'000 personnes parlent pas moins de cinq idiomes romanches. Toutefois, la Lia Rumantscha, organisation faîtière des Romanches, a présenté en 1982 une langue standard appelée le "Rumantsch Grischun", créée à partir des idiomes parlés.
Cette langue a été fabriquée pour renforcer la conscience linguistique suprarégionale. Si elle n'a pas réussi à s'imposer pour le matériel scolaire, les autorités cantonales et fédérales s'en servent pour communiquer.
C'est également la langue utilisée par le journal "La Quotidiana" ainsi que la radio-télévision romanche.