Pas moins de trois scrutins seront consacrés dimanche au projet de candidature pour les Jeux olympiques de 2022 dans les Grisons: un au niveau cantonal, les autres dans les communes de Davos et St-Moritz. Un seul «non» suffirait à enterrer le dossier. L'enjeu est de taille et la campagne est vive.
Preuve de l'importance accordée à l'éventuelle candidature grisonne, le Conseil d'Etat est apparu in corpore pour défendre le dossier. Il a fait valoir que les JO seraient une chance pour les Grisons de se rapprocher des grands centres suisses. En effet, plus de 900 millions de francs seraient investis dans la route et le rail, dont 80 à 85% assumés par la Confédération. Le projet doit aussi donner un nouvel élan au tourisme.
Ueli Maurer impliqué
Le président de la Confédération et ministre des sports Ueli Maurer a lui aussi mis les bouchées doubles. Il a participé à des débats avec la population et est intervenu à plusieurs reprises dans les médias.
Les opposants, composés du PS, des Verts, du WWF, de Pro natura et de l'ATE, craignent de graves conséquences pour l'environnement et le paysage. Les JO de St-Moritz seront verts et dénués de gigantisme, répondent les partisans, qui ont signé une charte de durabilité et fait des propositions, encore peu concrètes, en ce sens.
Autre critique: avec une facture totale de 2,8 milliards de francs, le projet risque de créer un endettement que les générations futures devront éponger. Sur ce point, les promoteurs ont revu leur copie. Alors qu'ils tablaient d'abord sur une perte de quelque 300 millions de francs, ils ont présenté en janvier un budget équilibré si l'on tient compte de la garantie de déficit d'un milliard de francs promise par le Conseil fédéral.
Réserve de 300 millions
Dimanche, les citoyens grisons sont appelés à se prononcer sur une révision de la loi sur le budget prévoyant la formation d'une réserve de 300 millions de francs de participation au financement des infrastructures si la candidature passe la rampe du CIO. La révision prévoit en outre un crédit de 8 millions pour le dossier de candidature. Le Grand Conseil a approuvé les objets. Seul le groupe socialiste a rejeté les propositions du gouvernement. Ses députés ont proposé que les réserves de 300 millions servent à financer un plan de développement cantonal.
Les Davosiens doivent eux se prononcer sur une participation de 2 millions aux frais de candidature et à un crédit-cadre de 15 millions pour des investissements. Un crédit de 5 millions pour la candidature est soumis aux citoyens de St-Moritz. Les parlements communaux ont tous deux dit «oui».
ats/nr
La Suisse, deux fois hôte des JO
La Suisse a été hôte de Jeux olympiques par deux fois: en 1928 et en 1948, toujours à St-Moritz. Plusieurs tentatives ont depuis échoué à différents niveaux.
Les urnes ont fait connaître des sorts divers aux projets de candidatures. En 1980, les Grisons ont balayé à 77% une garantie de déficit pour des jeux d'hiver.
Les Valaisans ont en revanche plébiscité en 1997 la candidature de Sion 2006 en votant à 67% pour une garantie de déficit. Mais le CIO a finalement préféré le dossier de Turin.
Feu vert des Chambres fédérales nécessaire
Si le projet obtient trois «oui» dans les urnes, la balle passera dans le camp du Parlement fédéral, en juin prochain. Le Conseil fédéral lui demande de libérer 30 millions de francs pour la campagne de candidature, puis un milliard à titre de participation au déficit prévu.
A l'exception du PBD, les partis se sont montrés critiques lors de la procédure de consultation. Des voix s'élèvent, notamment du côté des Verts, pour que le peuple suisse puisse se prononcer sur le milliard de garantie de déficit. En cas d'aval fédéral, le sort du dossier grison sera remis au CIO. Celui-ci sélectionnera fin 2014 trois candidats et fixera le choix définitif en juin de l'année suivante.