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Le Parti socialiste est en difficulté en Suisse centrale

Le canton d'Uri renouvelle ses autorités cantonales le 28 février. [RTS - Rouven Gueissaz]
Pourquoi le Parti socialiste est en difficulté en Suisse centrale / Le Journal du matin / 4 min. / le 17 février 2016
Le PS pourrait perdre son dernier siège au sein d'un exécutif de Suisse centrale le 28 février, alors qu'Uri renouvelle ses autorités. L'explication est à rechercher dans l'histoire de la région.

Le Parti socialiste n'a plus de représentant dans les gouvernements de Lucerne (depuis 2015), de Schwyz (depuis 2012) et de Zoug (depuis 2006). Il n'a jamais siégé aux gouvernements des demi-cantons de Nidwald et Obwald. Et le seul conseiller d'Etat encore en poste à Uri se retire. Or le siège est convoité tant par les radicaux-libéraux que par l'UDC.

C'est donc une logique pratiquement inverse au reste du pays qui se trame en Suisse centrale, où la gauche est à la traîne alors qu'ailleurs c'est l'UDC qui a d'habitude de la peine à accéder aux exécutifs cantonaux.

Industrialisation contre conservatisme catholique

La présence de la gauche dans la région est fortement liée à l'industrialisation de ces petits cantons, comme l'implantation d'usines à Zoug ou la construction du chemin de fer à travers le Gothard. Pour ce projet, il a fallu faire venir des spécialistes d'autres régions, protestants.

"Ils ont apporté avec eux les idées socialistes progressistes" explique Urs Kälin, syndic d'Altdorf (Uri) et vice-directeur des Archives sociales suisses. "A Altdorf, on a eu une industrie métallurgique, mécanique, avec les fabriques de munitions ou les câbleries. Et on a eu un groupe d'ouvriers qui se sont émancipés du milieu conservateur chrétien", poursuit-il.

Le PS, un peu trop "bobo"

L'industrialisation de la Suisse centrale s'est retrouvée face à l'emprise des catholiques conservateurs et la gauche a donc toujours eu de la peine à s'imposer. Jusque dans les années 1920, comme l'a rappelé récemment le Tages-Anzeiger, les églises condamnaient même les fidèles qui se revendiquaient socialistes.

Aujourd'hui, ce n'est plus l'Eglise qui fait de l'ombre au PS mais la montée de l'UDC et l'image même du Parti socialiste dans les campagnes. Ce dernier est perçu comme toujours plus urbain, un peu trop "bobo" pour les terriens de Suisse centrale.

Même si le candidat qui défend le siège du PS à Uri, l'enseignant Dimitri Moretti, réfute la critique. "Chez nous à Uri, nous ne nous positionnons pas non plus trop à gauche (…) Nous essayons de tirer la politique un peu à gauche en faisant des petits pas", assure-t-il. "Mais c'est vrai que l'UDC s'affiche comme parti des travailleurs, ce que nous avons d'ailleurs de la peine à comprendre."

Le PS garde espoir à Uri et pense à Schwyz

Dans tous ces cantons - y compris Zoug et Lucerne - où la concurrence fiscale voulue par la droite a fait rage ces dernières années, le parti socialiste n'arrive donc pas, ou pas encore, à imposer ses solutions. A Uri, il faudra sans doute attendre le deuxième tour pour connaître la composition du gouvernement, et avec elle la victoire ou la défaite du PS.

Une autre possibilité se présentera le 20 mars avec les élections cantonales à Schwyz où l'UDC compte trois représentants sur sept au gouvernement. Ce jour-là, le PS a une réelle chance de reconquérir le siège perdu.

Rouven Gueissaz/oang

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