Les hommes ne représentent aujourd'hui que 5% des éducateurs de la petite enfance en Suisse. Et les préjugés sur ceux qui s'engagent dans cette voie - soupçons de pédophilie au premier chef - restent tenaces. Deux élus socialistes de la Ville de Zurich veulent faire évoluer les mentalités en instaurant un quota de 35% d'employés masculins dans les crèches.
Que les enfants voient un homme s'occuper de jeunes enfants, c'est bon à long terme pour changer la répartition des tâches.
"Il faut éviter que certains métiers ne soient associés qu'à un seul sexe pour faire évoluer l'égalité des genres. Pour les enfants, c'est en particulier important à long terme qu'ils voient un homme s'occuper d'enfants en bas âge afin de permettre un changement dans la répartition des tâches dans la famille et la société", a expliqué l'historien français Thomas Grillot, auteur de "Un homme à la crèche", ouvrage de témoignes sur la question, dans Intercités vendredi.
Les cantons romands plus réservés
Magaly Hanselmann, responsable du bureau de l'égalité dans le canton de Vaud, a également commenté la mesure proposée par les élus zurichois sur les ondes de la RTS.
"Je suis tout à fait favorable à l’objectif de mixité dans toutes les professions et à tous les niveaux hiérarchiques. Dans tous les métiers liés aux soins, les hommes sont sous-représentés, alors que les femmes le sont dans l'ingénierie et la technique. Mais les mesures de quotas sont très sectorielles et ne suffisent pas", a relevé la déléguée à l'égalité vaudoise.
Elle a relevé que les quotas étaient un type de mesures très prisé en Suisse alémanique mais "les cantons romands sont plus réservés" à leur encontre.
Casser les stéréotypes, ça commence par arrêter d'utiliser des couleurs ou des signes distinctifs pour filles et garçons dans les crèches.
La discrimination positive, pas une solution
Magaly Hanselmann craint des effets pervers si la question de la mixité n'est pas abordée de manière plus générale. Des femmes qui sont formées dans le domaine pourraient ainsi avoir de la peine à trouver une place de travail parce qu'on pratique la discrimination positive.
"On risque aussi de voir se reproduire certains stéréotypes si le changement ne va pas au-delà de l'introduction de quotas. Les stéréotypes sont en effet présents dans les choix de carrière des enfants très tôt. Il faut remettre en question le lien entre le fait d'être un homme et "de ne pas avoir envie de s'occuper des autres", note la déléguée.
Même si seulement 7% des pères travaillent à temps partiel pour se consacrer aussi à leur famille, Magaly Hanselmann relève toutefois une évolution ces 15 dernières années. "Dans ce même temps, le domaine de l'éducation de la petite enfance s'est fortement professionnalisé, les soutiens financiers sont devenus étatiques et les formations ont évolué".
sbad