En attendant les résultats de l'expertise juridique commandée mardi par le canton de Bâle-Campagne - qui permettront de trancher sur la décision prise dans une école de la commune de Therwil - un compromis temporaire a été trouvé.
Ainsi, les deux élèves musulmans concernés "doivent saluer verbalement et poliment tous leurs professeurs. Cela permet d'éviter une discrimination du corps enseignant féminin", écrit l'école secondaire de la commune.
Il n'empêche, le débat reste vif. Et de nombreuses réactions - de l'incompréhension à la stupéfaction - se sont déjà fait entendre, jusqu'au sommet de l'Etat. Les associations musulmanes quant à elles sont divisées.
"Respect des règles communes"
Pour Nicolas Blancho, président du Conseil central islamique suisse, le débat est "surchauffé, exagéré", comme il l'a dit mardi à la RTS. "La poignée de main n'est pas une partie constitutionnelle de la Suisse, à ce que je sache. Il faut respecter le choix personnel d'une personne qui choisit de respecter les textes coraniques."
Mohamed Hamdaoui, député au Grand Conseil bernois, ne décolère pas: l'élu musulman estime que ce refus de serrer la main relève de la "double insulte aux femmes", et souligne le besoin, dans un contexte de parité et de mixité, de se soumettre aux règles communes. "Dans les écoles publiques, on respecte les règles de l'école publique. L'école étant obligatoire, si des parents veulent retirer leurs enfants, qu'ils les inscrivent en école privée coranique."
Pour Saïda Keller-Messahli, président du Forum pour un islam progressiste, "il ne faut pas tolérer l'intolérance et tolérer des règles de la charia. C'est très important de dire non à l'islam politique", selon elle.
Fermeté
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a réagi avec fermeté lundi dans le 19h30: "Il faut être très clair à ce sujet: la poignée de main fait partie de notre culture." Et le refus des deux élèves ne peut pas être accepté au nom de la liberté de croyance, a-t-elle affirmé.
Même son de cloche du côté des cantons romands. A Genève par exemple, la conseillère d'Etat en charge de l'Instruction publique fait savoir que de manière générale, "l'élève comprend qu'il y a des règles et qu'elles doivent être respectées". Et dans le cas contraire, "il y aura des mesures d'exclusion", fait savoir Anne Emery-Torracinta.
Pour Felix Müri, président de la commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil national, "serrer la main fait partie de notre culture. C'est un geste de respect et de savoir-vivre", a-t-il indiqué lundi à 20Minuten.
Pour Christoph Eymann, président de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP), "de telles réglementations d'exception ne sont pas la solution. Nous ne pouvons pas tolérer que les femmes soient traitées différemment des hommes dans le service public", a-t-il dit dans le 12h45 de la RTS lundi.
"Aucun soutien"
Quant à la présidente des écoles de Therwil, elle a déclaré pour sa part qu'elle n'était pas satisfaite de cette décision mais se dit démunie. "C'est difficile lorsque quelqu'un ne veut pas adopter notre mode de vie", a-t-elle reconnu. Christine Akeret a en outre déploré n'avoir reçu aucun soutien du canton lorsqu'elle lui a soumis le problème.
gax
Théologiquement permis, selon la FOIS
La Fédération d'organisations islamiques de Suisse (FOIS) a indiqué lundi qu'une poignée de mains entre un homme et une femme "est théologiquement permise".
Dans la tradition islamique, la politesse est importante, et ce envers tous. La FOIS estime qu'une poignée de main entre le personnel enseignant et les élèves "n'est pas problématique".
Rappel des faits à Therwil (BL)
La décision de dispenser des enfants musulmans de serrer la main de leurs enseignantes , prise par les autorités scolaires de Therwil, concerne deux élèves scolarisés dans le secondaire.
Elle a été prise après que les deux jeunes ont déclaré avoir des problèmes avec cette coutume car dans leur religion ils affirment qu'un homme n'a pas le droit de toucher une femme si celle-ci n'est pas la sienne ou si elle n'est pas membre de sa famille.