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La gestion des erreurs au travail mise en cause par le procès d'un aiguilleur

L'aiguilleur du ciel est accusé d'avoir failli provoquer une collision entre deux avions à l'aéroport de Zurich en mars 2011. [Keystone - Martin Ruetschi]
La gestion des erreurs au travail mise en cause par le procès d'un aiguilleur / Le Journal du matin / 1 min. / le 21 avril 2016
Le procès d'un aiguilleur du ciel de Skyguide, accusé d'avoir failli provoquer une collision entre deux avions à l'aéroport de Zurich en mars 2011, se tiendra le 28 avril devant le Tribunal de district de Bülach (ZH).

Le contrôleur aérien avait donné l'autorisation de décoller à deux avions presque en même temps sur deux pistes qui se croisent. L'un des pilotes a vu l'autre appareil à temps, a interrompu son décollage à près de 300 kilomètres à l'heure et a évité la collision.

Un incident dont Skyguide a tiré les leçons. "Si on trouve que l'employé a travaillé au mieux de sa conscience, au mieux de sa formation, il n'a rien à craindre de l'entreprise", rassure Alex Bristol, chef des opérations chez Skyguide, qui estime que, la négligence mise à part, les erreurs doivent être annoncées, pas condamnées. "On ne cherche pas à sanctionner, mais à utiliser les erreurs pour améliorer les processus, les équipements techniques et les capacités du personnel."

Crainte d'un précédent dans le monde du travail

C'est la première fois en Suisse qu'un aiguilleur du ciel se retrouve devant un tribunal pour des faits qui n'ont finalement causé aucun accident. Ce procès remet en question la gestion des erreurs dans le monde du travail. Annoncer les erreurs est crucial dans l'aviation, mais aussi par exemple dans le monde médical ou dans le domaine du nucléaire. D'où la crainte de Skyguide que ce procès ne crée un précédent.

Que l'employé soit condamné ou non, l'engagement d'une procédure judiciaire nuit à la bonne gestion des erreurs selon Toni Wäfler, professeur en psychologie appliquée à la Haute école de la Suisse du Nord-Ouest à Olten. "C'est un travail de longue haleine au sein d'une organisation pour que les gens parlent ouvertement de leurs erreurs. Dès qu'une procédure pénale est ouverte ou dès qu'une affaire se retrouve en justice, ils arrêtent tout de suite d'annoncer leurs fautes. Et là, il faut recommencer tout le travail à zéro pour redonner confiance aux employés et qu'ils parlent de leurs erreurs sans être directement sanctionnés."

Le procès du collaborateur de Skyguide avait été ajourné il y a un an. Aujourd'hui un nouveau rapport révélé par la presse dominicale semble le disculper. L'expertise indique que l'incident aurait pu être commis par n'importe quel aiguilleur du ciel.

Rouven Gueissaz/lgr

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