L'appel lancé depuis la place de la République à Paris a été entendu à Berlin, Vienne, Londres et Madrid notamment. Et il a reçu un écho en Suisse aussi, où le taux de chômage des jeunes est pourtant parmi les plus bas d'Europe.
"Mai 68 c'était hier, Global Debout c'est aujourd'hui", affirme le slogan des organisateurs zurichois de cette première Nuit debout. Les militants, dont la Jeunesse socialiste, veulent dénoncer l'absence de perspectives durables.
Pas la même réalité quotidienne en Suisse
Le contexte helvétique, pourtant, n'est pas comparable au climat qui règne en France, note le politologue lausannois René Knüsel. "Au départ en France avec Nuit debout, on a la loi sur le travail", rappelle-t-il. "Donc on voit bien la désillusion qu'on a, qui est beaucoup plus proche de la réalité quotidienne du jeune en France qu'en Suisse."
Les revendications exprimées dans l'espace public en Suisse restent souvent marginales, à cause ou grâce à la démocratie suisse: "On demande 'si vous voulez quelque chose, utilisez la démocratie directe'. Et quand on sait ça, la spontanéité disparaît partiellement et le mouvement entre dans une logique assez institutionnelle", constate le politologue Georg Lutz
Mais chaque génération de jeunes cherche à marquer sa présence dans la rue. Zurich a connu les révoltes des années 80 pour plus de liberté. Plus récemment, en 2011, c'est le mouvement des Indignés qui s'est emparé de la Paradeplatz. Ces revendications exprimées dans l'espace public débouchent pourtant aussi parfois sur l'ouverture d'un dialogue.
"Monde politique assez imperméable"
"La jeunesse a des moyens d'expression peut-être plus particuliers en Suisse, mais elle n'est pas beaucoup mieux entendue qu'ailleurs", renchérit René Knüsel. "Le monde politique est assez imperméable."
Au-delà des revendications politiques, selon les observateurs, Nuit debout en Suisse résulte aussi d'un effet d'imitation et d'une envie d'exprimer sa solidarité vis-à-vis de la France.
Rouven Gueissaz/oang