Dernier exemple en date, la campagne en vue des votations du 5 juin. La Lega propose d’instaurer une nouvelle taxe sur les parkings afin de favoriser les transports publics. Mais les autres partis combattent ce projet et utilisent désormais les armes de la Lega pour appeler les Tessinois à voter non.
D'aucuns se demandent si la Lega tourne désormais le dos à ses principes fondateurs: sous la coupole fédérale, le mouvement contestataire était associé au lobby des automobilistes. C’est encore la Lega, ou plutôt son fondateur Giuliano Bignasca, qui offrait 500 francs pour tout radar routier détruit. Et enfin, la Lega s’est toujours profilée comme le parti anti-impôts par excellence.
Front commun avec la gauche et les Verts
Or, aujourd'hui, le mouvement se bat pour introduire une taxe sur les parkings afin d'encourager les usagers de la route, et notamment les 60'000 frontaliers, à passer aux transports publics.
Concrètement, il s’agirait de taxer les propriétaires de parking de plus de 50 places, entreprises et centres commerciaux notamment. La manoeuvre rapporterait près de 18 millions de francs par année au canton.
L'idée est soutenue par la gauche et les Verts, ennemis historiques de la Lega, et combattue par les partis bourgeois.
Combattue avec ses propres armes
Le comité contre la taxe en question, dont l’UDC, les milieux économiques et le PLR, utilise la même dialectique et la même communication visuelle que la Lega. Des affiches montrent en effet des citoyens tessinois littéralement dépouillés par l’Etat, avec le slogan: «Ce ne sont pas les frontaliers, mais bien les Tessinois qui sont punis par cette nouvelle taxe!». Car pour le comité du non, la taxe serait forcément reportée sur l’employé et lui coûterait plus de 1000 francs par année, qu’il soit frontalier ou non.
Fort de cet argument, le référendum des opposants a permis de rassembler plus de 24’000 signatures en un temps record - alors que 7000 paraphes suffisaient - une situation inédite pour pour un texte de la LEGA.
La Lega, qui a réussi de brillantes élections communales, cantonales et fédérales, pourrait voir les autres partis prendre le relais de la contestation, ce qui irait de pair avec la fin de son identité d'origine.
Nicole della Pietra/kkub