C'est un rituel de fin d'année scolaire, les futurs diplômés de certaines écoles se lâchent. Cela a été le cas des étudiants de la Haute école d'art de Zurich (ZHdK). L'histoire est anecdotique, mais révélatrice de l'antagonisme toujours présent entre le propre en ordre et la libre expression artistique. Ce conflit de valeurs autour du puritanisme et du laisser-faire se cristallise régulièrement dans une grande ville comme Zurich.
L'école d'art, la Toni-Areal, est nouvelle; il s'agit d'un immense bâtiment dans le quartier industriel, une ancienne fabrique de yogourts, aux couloirs blancs sur plusieurs étages. Presque une invitation aux graffitis, tant on a parfois l'impression de se trouver dans un environnement stérile, certes beau architecturalement parlant, mais qui rappelle aussi l'univers hospitalier. D'ailleurs, la direction de l'école n'est pas fondamentalement opposée à l'expression d'une "certaine" créativité dans son enceinte.
Condamnation ou censure?
Des deux côtés, on utilise les grands mots. La direction de l'école condamne cette attaque colorée et n'exclut pas des sanctions disciplinaires contre ce qu'elle considère comme du vandalisme. Les étudiants parlent quant à eux de censure et d'usurpation artistique. Ils ont même déroulé une banderole sur la façade de l'établissement pour dire "nous ne sommes pas dans une haute école d'économie créative".
Après l'attaque aux bombes colorées, le débat fait rage sur les réseaux sociaux, caisse de résonance de cette escalade rhétorique entre la direction de l'école et ses étudiants.
Rouven Gueissaz/lgr