"La voie choisie par le Tessin, c'est un peu la face nord de l'Everest en tongs"
Il faudrait être "naïf" pour croire que le vote du Tessin, qui vise à favoriser l'embauche "d'indigènes", va provoquer un électrochoc national, a estimé lundi sur La Première le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia, lui-même favorable à une telle préférence dans son canton.
"Nos parlementaires à Berne devraient comprendre qu'il y a des réalités dans certains bouts de la Suisse qui ne sont pas celles de Suisse centrale", ajoute l'élu MCG.
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Des critiques sur la forme
Mais Mauro Poggia, s'il salue le fond, se montre critique sur la forme. Le texte demande en effet une modification de la Constitution cantonale, selon les principes de l'initiative "Contre l'immigration de masse" adoptée à l'échelle fédérale le 9 février 2014. Objectif: trouver une solution urgente pour le marché du travail au Tessin dans l'attente de mesures au niveau fédéral.
Or, pour pouvoir modifier sa Constitution, le Tessin devra avoir l'aval de Berne. "Cette initiative a toutes les chances de rester lettre morte. La voie choisie d'un changement constitutionnel, c'est un peu comme partir pour la face nord de l'Everest en tongs", estime par conséquent le chef du Département genevois de l'emploi qui défend l'approche de son canton, où la préférence locale a dans un premier temps été introduite dans l'administration publique et le secteur subventionné.
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Vu d'Italie, des relations Suisse-UE en péril
Si le texte a peu de chances d'aboutir de l'avis de nombreux observateurs, il n'en a pas moins attiré l'attention de l'Italie. Le canton du Tessin a donné "un nouveau signal fort" contre les immigrés, en particulier à la frontière italienne", écrit lundi La Repubblica. Selon le président du Conseil d'Etat Piero Marchesi "il est maintenant clair que les intérêts du Tessin doivent avoir la préséance sur ceux de l'Union européenne", cite encore le quotidien italien.
Dès dimanche soir, le ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a réagi sur le réseau social Twitter. Le "référendum" anti-frontaliers n'a pas d'effets pratiques immédiats. Mais sans la libre circulation des personnes, les rapports entre la Suisse et l'Union européenne sont en danger, indique-t-il.
Des contre-mesures à l'étude en Lombardie
Le président de la Lombardie, Roberto Maroni (Ligue du Nord), a pour sa part promis d'étudier des "contre-mesures appropriées" dès lundi.
Cela n'inquiète pas le conseiller national UDC tessinois Marco Chiesa, interrogé lundi par RTSinfo. Le parlementaire espère même qu'avec ce vote, "le cri de la population va arriver à Berne". Et de rappeler que son canton attend cela depuis le 9 février 2014...
jgal