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"On n'a pas de service de Gestapo" pour surveiller les mosquées

Montassar BenMrad, président de la Fédération d'organisations islamiques de Suisse (FOIS). [fids.ch]
Le cas de la mosquée de Winthertour suscite des interrogations en Suisse / Forum / 11 min. / le 3 novembre 2016
Le président de la Fédération d'organisations islamiques de Suisse Montassar BenMrad se distancie de la mosquée controversée de Winterthour. Pour lui, il est impossible pour sa fédération de contrôler ce qui se dit dans toutes les mosquées.

La police a perquisitionné mercredi dans la mosquée An'Nour de Winterthour (ZH). Des procédures pénales ont été lancées contre quatre personnes, dont un imam éthiopien qui avait appelé au meurtre des musulmans non pratiquants.

>> Lire : Perquisitions après un appel au meurtre à la mosquée de Winterthour

L'association qui gère cette mosquée "n'appartient pas à la Fédération d'organisations islamiques de Suisse (FOIS)", indique jeudi dans l'émission Forum son président Montassar BenMrad, en réponse aux attaques lancées jeudi matin par la présidente du Forum pour un islam progressiste Saïda Keller-Messahli (cf. encadré)

Selon lui, il existe un problème de management au sein de l'association de Winterthour, qui "apporte n'importe qui en tant qu'imam, et clairement des personnes non qualifiées". Concernant le prédicateur accusé de provocation au crime et à la violence, Montassar BenMrad se dit "extrêmement étonné qu'une telle personne ose s'autoproclamer imam".

On n'a pas de service de Gestapo (...) Ce n'est pas l'ensemble de la communauté musulmane qui est responsable par rapport à une association qui est déconnectée

Montassar BenMrad

Le responsable musulman assure également que sa fédération travaille actuellement sur un "certain nombre de principes" concernant les imams. "Les autorités sont d'ailleurs au courant de ce travail", avance-t-il.

La Suisse à la traîne

Des contrôles plus stricts ne devraient-ils pas être mis en place? "On n'a pas de service de Gestapo, ironise Montassar BenMrad. Les autorités fédérales ont augmenté les budgets de manière assez significative et certaines mosquées sont déjà sous surveillance".

Et le président de la FOIS d'ajouter que "ce n'est pas l'ensemble de la communauté musulmane qui est responsable d'une association qui est déconnectée".

Il observe par ailleurs un certain retard en Suisse concernant la reconnaissance de la communauté musulmane. "Il y a un train de retard avec des pays comme l'Autriche où (cette communauté) est reconnue et financée par l'Etat au niveau de la formation des imams, ce qui n'est pas le cas en Suisse".

>> Malaise à Genève concernant sa mosquée. Le point dans Forum :

L'agent de sécurité de la mosquée affirme être en contact étroit avec la police. [Keystone - Laurent Gilliéron]Keystone - Laurent Gilliéron
Malaise autour de la Mosquée à Genève / Forum / 1 min. / le 3 novembre 2016

hend

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"Théorie du complot"

La présidente du Forum pour un islam progressiste Saïda Keller-Messahli a attaqué ce jeudi matin, sur les ondes de la RTS, la FOIS estimant que celle-ci était sensée connaître les imams qui opèrent en Suisse. Et, selon elle, le cas de Winterthour n'est que la pointe de l'iceberg.

"Ce sont des accusations fortes qui ne nous étonnent pas de la part de Madame Messahli, qui est encore dans sa tour d'ivoire en train de continuer à parler de théorie du complot", a rétorqué pour sa part le président de la FOIS dans Forum.

"Contrairement à elle, nous parlons aussi bien avec les autorités cantonales que fédérales sur différents sujets de sécurité en essayant de trouver des solutions constructives", a poursuivi Montassar BenMrad.

>> L'interview de Saïda Keller-Messahli dans le Journal du matin:

La mosquée An'Nour provisoirement fermée

Les portes de la mosquée An'Nour de Winterthour (ZH) étaient fermées jeudi, au lendemain de la perquisition. La police municipale, qui possède la clé, n'a pas identifié de "personne qualifiée" de l'entourage de l'association ou de la mosquée à qui la remettre.

"Nous sommes à la recherche d'une personne susceptible d'assurer la responsabilité de l'association et de la mosquée", a déclaré à l'ats Bianca Liechti, sa porte-parole.

Des médiateurs et spécialistes des questions d'intégration ont été mobilisés. Ils travaillent actuellement avec la police.