Modifié

Les Grisons discriminent leurs italophones, dit le Conseil de l'Europe

Bivio, seule commune suisse du versant nord des Alpes dont l'italien est langue officielle. [Keystone - Arno Balzarini]
Les Italophones des Grisons discriminés, selon le Conseil de l'Europe / Le Journal du matin / 2 min. / le 16 décembre 2016
Dans un récent rapport, le Conseil de l'Europe pointe la discrimination des italophones dans le canton des Grisons. Il demande à la Suisse de mieux veiller au respect de cette minorité, surtout dans l'administration.

Dix-huit communes dans trois vallées, et 13% des citoyens soit 25’000 personnes, sont italophones aux Grisons. Et si le Conseil de l’Europe s’est penché sur la question, via sa Charte des langues régionales et minoritaires, c’est parce que - de guerre lasse - cette minorité espère se faire entendre.

"Nous avons été interpellés depuis une quinzaine d’années par le Conseil de l’Europe. Et chaque fois, nous présentons les problématiques cantonales en matière de langue. Par exemple, pendant une trentaine d’années, nous n’avions pas de juges italophones. Ce n’est pas possible, ce n’est même pas légal", souligne la présidente de Pro Grigioni italiano (PGI) Paola Gianoli.

Pas un problème de moyens financiers

Le problème du juge administratif a été entretemps réglé. Mais si le plurilinguisme a son prix, ce ne sont pas les moyens qui manquent. "L’italien fait souvent les frais du plurilinguisme mais le canton des Grisons reçoit des moyens par la Confédération pour la promotion de ce plurilinguisme cantonal", poursuit Paola Gianoli. "Donc, les moyens sont disponibles, le problème est qu’il n’y a pas de volonté politique de faire quelque chose et cela devient plus difficile."

Dans ce canton trilingue, l’italien fait figure de parent pauvre, après l’allemand et le romanche. "Les italophones pure souche (…) n’ont aucune chance d’entrer dans l’administration cantonale" constate Luigi Menghini, chercheur et spécialiste de l’italien à l’Université de Fribourg. "Et si nous n’avons pas de représentants et du personnel au sein de l’administration, même les réponses, même les traitements des dossiers des Grisons italophones ne trouvent pas d’écoute."

"Une minorité hors-sol"

Le respect des minorités linguistiques est un miroir aux alouettes, dénoncent les italophones grisons. Entre un canton qui bafoue leurs droits, pourtant reconnus dans la Constitution fédérale, et un Tessin qui les ignore plus ou moins, ils sont un peu comme une minorité hors-sol.

Nicole della Pietra/oang

Publié Modifié