"Il n'en va pas de la liberté de religion", a déclaré vendredi le ministre zurichois de la Sécurité Mario Fehr (PS) face aux médias. Il en va de la sécurité de la population et de la nécessité d'empêcher le recrutement de djihadistes, a-t-il souligné. "Nous ne voulons pas laisser ces milieux étoffer leurs rangs."
Il existe des indices concrets que la distribution de corans dans l'espace public par l'organisation "Lis!" sert en réalité à radicaliser des personnes et à les inciter à soutenir des activités interdites, a indiqué vendredi le Département zurichois de la sécurité.
L'avis de droit de l'avocat Markus Rüssli - qui a motivé la décision du canton de Zurich - et les informations fournies par le Service de renseignement de la Confédération (SRC) vont dans ce sens.
Preuves pas nécessaires
Le Département recommande aux communes zurichoises de refuser à l'avenir les demandes d'autorisation de l'organisation "Lis!" pour la distribution de corans dans la rue. Si une distribution est organisée sans autorisation, la police pourra forcer les responsables à cesser leur action et les obliger à quitter les lieux.
Le canton a fait parvenir vendredi une lettre aux communes. Il les informe qu'il est à disposition pour les soutenir dans le traitement d'éventuelles demandes d'autorisation ou pour des procédures judiciaires.
"Aucun canton ni aucune commune n'est obligé de mettre l'espace public à disposition de telles organisations", insiste Mario Fehr. Selon l'avis de droit, une commune peut refuser une demande d'autorisation sans devoir prouver que l'action est destinée à promouvoir des actes criminels.
Actifs dans les grande villes
L'association "Lies!" est active dans toutes les grandes villes suisses. Bâle-Ville a d'ores et déjà interdit la distribution de tout imprimé menaçant la sécurité publique.
Les autorités de Winterthour, point de chute important des salafistes, se réjouissent des conclusions de l'avis de droit. L'an dernier, l'exécutif avait renoncé à une interdiction, estimant qu'elle nécessitait sans doute la preuve d'actes criminels au préalable.
"Nous allons mettre en oeuvre les recommandations du canton aussi rapidement que possible", a confié Barbara Günthard-Maier (PLR), directrice de la sécurité de la ville.
ats/kkub
Interdiction demandée à la Confédération
Le Département zurichois de la sécurité demande aussi à la Confédération d'interdire la branche suisse de l'organisation "Die wahre Religion" ("La vraie religion"). Cette organisation salafiste a été interdite en Allemagne en novembre 2016. Elle est soupçonnée de recruter de futurs djihadistes pour le groupe Etat islamique.
Si Berne n'agit pas rapidement, le canton de Zurich interdira l'organisation sur son propre territoire, met en garde Mario Fehr. Au niveau fédéral, les responsables des actions de distribution du Coran dans la rue sont dans le collimateur de la justice.
En novembre 2016, le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert des procédures contre plusieurs personnes liées à l'organisation "Lies!". La justice suisse collabore avec l'Allemagne dans ce dossier. En Autriche, les actions "Lies!" seront interdites dès le 1er juillet.