Un total de 17 appartements sont à vendre, entre 1,6 et 5 millions de francs l'unité, sur une immense parcelle au bord de l'eau. Chacun aura sa piscine privée - en plus du bassin couvert commun, du fitness et du spa, du service de limousines ou du garage climatisé pour voitures de collection.
La résidence sera surtout dotée d'une très haute clôture et de caméras de surveillance, alors que des patrouilles veilleront jour et nuit à la sécurité des résidents. Les deux quotidiens alémaniques désignent ce futur lotissement très sélect comme le "ghetto pour riches du lac de Constance."
Le chantier doit démarrer en mai sur la commune d'Uttwil (TG), au bord du lac et à côté du camping municipal. L'ouverture est prévue en été 2019.
De riches Suisses en quête d'une communauté pour seniors
Les promoteurs expliquent que les appartements se vendent bien - à des Suisses et non pas à des Arabes ou à des Russes, précisent-ils. Il s'agit de personnes de plus de cinquante ans, parmi lesquelles des médecins ou des entrepreneurs, et qui préfèrent parler de communauté pour seniors plutôt que de résidence de luxe.
L'architecte en charge du projet rejette catégoriquement l'image de ghetto. Il n'y aura ni barbelés ni bergers allemands, précise-t-il.
Ces copropriétés sécurisées sont très répandues en Amérique, du Nord et du Sud, mais pas du tout en Suisse. Les Verts s'étaient pourtant déjà inquiétés en 2009 d'une possible arrivée de ce modèle sur territoire helvétique.
"Un modèle de ségrégation" selon le Conseil fédéral
Dans sa réponse à leur postulat, le Conseil fédéral avait déclaré alors qu'il n'y en avait pas en Suisse. Il soulignait à cette occasion que ces résidences fermées étaient un modèle de ségrégation mettant en danger la cohésion de la société. Le gouvernement estimait qu'il fallait donc à tout prix éviter leur émergence en Suisse.
Les habitants et les autorités de la commune thurgovienne d'Uttwil, eux, sont contents de l'arrivée de ce lotissement baptisé "Port du Navire". La parcelle était en friche depuis la faillite - il y a plus de dix ans - de l'armateur allemand qui y avait installé son siège.
Alain Arnaud/oang