Le Tessin, où le moustique tigre est bien présent, ne ménage pas ses efforts pour contenir l'expansion de cet insecte. Plusieurs communes du canton ont distribué récemment un feuillet d’information invitant la population à éliminer régulièrement tous les points d’eau stagnante, aussi petits soient-ils.
Il est même possible d'envoyer ces intrus au laboratoire cantonal de microbiologie, à Porza, au-dessus de Lugano, pour les faire examiner. Un service téléphonique bi-hebdomadaire y répond aussi aux questions des citoyens inquiets.
Bientôt en Suisse romande?
Pourtant, lorsqu'on a découvert pour la première fois un moustique tigre au Tessin, il y a 15 ans, "on espérait l'éliminer", explique Eleonora Flacio, responsable du centre cantonal tessinois de microbiologie appliquée.
"Mais la pression du moustique, qui vient du sud de l'Europe, est très forte. En plus, il s'est développé, il arrive à coloniser de nouveaux endroits. Maintenant, on le considère comme un moustique suisse, qui est établi surtout ici, au Tessin, et qui va s'établir aussi au Nord des Alpes", avertit-elle. Ce n'est donc qu'une question de temps avant qu'il n'arrive en Suisse romande. L’insecte a été détecté à Bâle, à Zurich et aux Grisons.
Vers des conditions climatiques plus froides
Eleonora Flacio précise que le moustique tigre ne progresse pas seulement en Suisse, mais aussi en Europe, et qu'il va "partir au nord, vers des conditions climatiques plus froides". Il trouve refuge dans "les égouts publics ou privés, où la température est toujours optimale pour lui".
Le nouvel enjeu est donc de contenir la densité de population de ces insectes. "Il faut avoir une collaboration stricte entre autorités et population. Ainsi, on arrive à gérer les quantités locales de moustiques, mais pas la dispersion, car ils vont partout", précise Eleonora Flacio.
Reste que le moustique tigre peut être un vecteur de maladies graves, comme la dengue, chikungunya, ou plus récemment le virus Zika. "Les gens voyagent partout, en Afrique, en Asie, en Amérique centrale…on craint qu'avec les grands voyages, les personnes puissent transmettre la maladie à des voisins. Mais il s’agit de situations où le moustique tigre est déjà présent", explique la microbiologiste.
Nicole Della Pietra/jvia