Modifié

L'impartialité des interprètes dans les procédures d'asile remise en question

Une famille et un interprète dans un office pour réfugiés en Allemagne (image d'illustration). [Keystone - Kay Nietfeld/dpa]
Le renvoi d'une famille de requérants remet en cause l'impartialité des interprètes dans les procédures d'asile / Forum / 2 min. / le 12 juin 2019
L'impartialité des interprètes du Secrétariat d'Etat aux migrations est mise en cause dans l'affaire d'une famille de demandeurs d'asile menacée d'expulsion dans le Jura bernois. Des problèmes de traduction lors des auditions sont soupçonnés.

L'affaire concerne une famille de deux parents et trois enfants en bas âge qui quitte le Kurdistan irakien début 2016 pour raisons politiques. Ils se disent victimes de persécutions en raison de leur appartenance au parti d'opposition Goran. Mais leur demande d'asile est rejetée, tout comme leurs deux recours.

A Péry-La Heutte, dans le Jura bernois, où la famille s'est installée, la résistance s'organise: un comité de soutien est mis en place, une pétition signée par plus de 1000 personnes.

Soupçons d'irrégularités

Cette importante mobilisation s'explique par les soupçons d'irrégularités dans la procédure d'asile. L'engagement politique des époux n'apparaît pratiquement pas dans les rapports d'audition. Leur appartenance au parti Goran n'y est pas mentionnée. Or c'est précisément la raison pour laquelle ils demandent l'asile.

Les juristes du comité de soutien ont constaté que l'interprète du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) qui s'est occupé de leur dossier est lui-même actif en politique, proche du pouvoir en place au Kurdistan. A-t-il pu influencer les auditions?

Interprètes licenciés en Allemagne

Il n'est pas possible de le vérifier, puisque les auditions se font dans la langue des requérants. Mais escamoter un mot, éviter une question, se limiter à des banalités ou livrer un rapport d'audition traduit pas tout à fait fidèle aux mots réellement prononcés est tout à fait possible.

En Allemagne, l'Office des migrations a licencié 2100 interprètes ces deux dernières années, souvent pour des raisons de manque de confiance. De son côté, la France dispose d'un code de déontologie en la matière bien plus développé que la Suisse.

La réponse du Secrétariat d'Etat aux migrations

Emmanuelle Jaquet, porte-parole du Secrétariat d'Etat aux migrations, interrogée dans l'émission Forum, a expliqué que les compétences des interprètes sont testées et validées. "Des gardes-fous existent tout au long de la procédure. De plus, l'interprète ne sait rien sur le requérant lorsqu'il se rend à une audition et le requérant peut à tout moment signaler son désaccord".

Sur le cas particulier, le SEM n'est pas autorisé à se prononcer, la procédure étant en cours, a encore déclaré la porte-parole.

Alain Arnaud/lan

Publié Modifié

Emamnuelle Jaquet, porte-parole du Secrétariat d'Etat aux migrations, interrogée dans l'émission Forum, a expliqué que les compétences des interprètes sont testées et validées. "Des gardes-fous existent tout au long de la procédure. De plus, l'interprète ne sait rien sur le requérant lorsqu'il se rend à une audition et le requérant peut à tout moment signaler son désaccord".

Sur le cas particulier, le SEM n'est pas autorisé à se prononcer, la procédure étant en cours.