Le gouvernement bernois est "consterné" par l'ampleur des dysfonctionnements constatés par le Tribunal administratif lors de la votation sur l'appartenance cantonale de Moutier. Le Conseil-exécutif appelle toutefois toutes les parties à garder leur calme.
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Pour le conseiller d'Etat Pierre Alain Schnegg, président de la Délégation pour les affaires jurassiennes, "ce scrutin fortement émotionnel aurait dû être exemplaire". "Dans une démocratie, le peuple doit avoir la certitude que toute votation se déroule correctement", a-t-il ajouté.
Un nouveau vote?
Interrogé sur le fait de mettre en place une nouvelle votation si l'annulation devait être entérinée, Pierre Alain Schnegg a déclaré qu'il était "trop tôt pour spéculer". Selon lui, si le jugement entre en force, la population doit avoir la possibilité de se prononcer une deuxième fois.
Actuellement, selon Pierre Alain Schnegg, "le temps est venu d'oeuvrer pour le droit et la réconciliation de Moutier. Il faut veiller au respect de la moitié de la population qui souhaite rester dans le Jura bernois."
Une "décision politique"
Le Conseil municipal de Moutier (BE) à majorité autonomiste a dénoncé l'annulation du vote du 18 juin 2017 sur le transfert de la ville dans le canton du Jura. Il estime que la décision du Tribunal administratif bernois est politique.
"Décidément, Moutier et la majorité de ses habitants n'ont rien à attendre de la justice bernoise et de ses autorités", a déclaré le maire Marcel Winistoerfer, lisant une déclaration du Conseil municipal. "La démocratie, la seule, la vraie, celle qui tient compte de l'avis majoritaire du peuple, est bafouée", a poursuivi le maire. "C'est quand même invraisemblable, jamais un problème jurassien n'a eu gain de cause dans le canton de Berne", a encore relevé Marcel Winistoerfer dans l'émission Forum.
Marcel Winistoerfer a également réfuté les accusations d'irrégularités et de dysfonctionnements portées par la justice bernoise.
De son côté, Valentin Zuber, porte-parole du comité Moutier Ville Jurassienne, a relevé dans le 19h30 que "ce n’est pas qu’un problème local et jurassien, c’est un problème suisse. Permettre que la démocratie s’exprime ou alors réduire des autorités au silence. C’est une question fondamentale qui a été très sèchement tranchée par la justice bernoise. A la lecture de ce verdict on constate qu'il est exclusivement à charge".
Démission exigée
"Le brigandage politique bernois ne passera pas", a déclaré le secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien (MAJ) Pierre-André Comte, appelant les militants à la "révolte."
Les antiséparatistes, de leur côté, ont appelé à la démission des autorités autonomistes de Moutier, estimant que "la confiance est rompue".
Interrogé dans Forum, Patrick Röthlisberger, président du comité Moutier Prévôté, a trouvé "regrettable" qu'un conseiller municipal appelle à la révolte.
Regret du gouvernement jurassien
Le Gouvernement jurassien a dit "regretter" le verdict du Tribunal administratif bernois. Il a réaffirmé la nécessité d'organiser un nouveau vote en cas d'annulation définitive du scrutin du 18 juin 2017.
Déplorant la situation d'incertitude qui perdure à Moutier, le Gouvernement jurassien a dit vouloir "continuer à avoir une attitude constructive".
La Confédération soutiendra un éventuel vote
La Confédération a "pris acte" du jugement du Tribunal administratif bernois. Elle a réaffirmé sa position, à savoir qu'elle s'impliquerait si un nouveau vote devait finalement se tenir.
Il est toutefois encore trop tôt pour se prononcer sur les modalités d'un nouveau vote, sachant qu'un recours est encore possible devant le Tribunal fédéral.
ats/lan
Recours au Tribunal fédéral à l'étude
Le Conseil municipal de Moutier va examiner l'opportunité de faire recours au Tribunal fédéral (TF).
"A titre personnel, je souhaite aller jusqu'au bout de la procédure", a expliqué le maire Marcel Winistoerfer, ajoutant que cette fois ce ne serait pas une instance bernoise qui statuerait sur le dossier. "Mais la décision appartient aux militants".