Comme chaque année, l’arrivée de gens du voyage à la belle saison crée remous et tensions en Suisse. Chassés de Delémont par les autorités jurassiennes ce week-end, une soixantaine de caravanes abritant quelque 150 personnes se sont installées quelques kilomètres plus loin, sur l’aire de repos de Reconvilier, sur l’A16.
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Venus de France, ils entendent rester environ une semaine et dénoncent un paradoxe: on les laisse franchir la frontière, on leur délivre patentes et permis de travail, mais ils n’ont aucun lieu où s'installer.
Dix emplacements en projet
Actuellement, ni la commune, ni la police ne peuvent agir. Les aires de repos sont la propriété de l'Office fédéral des routes, et c'est l’Office fédéral de la culture qui gère les gens du voyage étrangers. Or, ce dernier pilote actuellement un groupe de travail pour planifier, d’ici à la fin de cette année, la mise en place de futures aires d’accueil.
S'il a, dans un premier temps, été question de prévoir une aire par canton, les premières études démontrent qu’il y aura besoin d'une dizaine d'emplacements en Suisse. Ainsi, "il n’y a pas de raison que chaque canton se précipite pour faire quelque chose qui deviendrait obsolète ou inutile par la suite", estime dans le 19h30 le ministre jurassien David Eray.
Les dix espaces qui seront dédiés aux nomades étrangers seront répartis dans différents cantons qui restent à définir. Quant aux familles installées à Reconvilier, elles seront appelées à quitter les lieux lorsque la Confédération et le canton de Berne se seront coordonnés.
Olivier Kurth/jop
Intervention du Tribunal fédéral
Les tensions entre la Suisse et les gens du voyage se sont accentuées ces dernières années notamment dans le canton de Berne.
Fin avril, le Tribunal fédéral a annulé un article de la nouvelle loi bernoise sur la police qui prévoyait que cette dernière puisse renvoyer après 24 heures les personnes qui campent sans autorisation sur le terrain d’un particulier ou d’une collectivité publique et leur en interdire l’accès.