Rester Bernois ou devenir Jurassiens: voilà le choix proposé à la population de Moutier. Un choix toujours pas effectif après des décennies de lutte et de scrutins.
Le 28 mars prochain aura lieu la réplique du vote du 18 juin 2017, définitivement annulé en 2019 pour des soupçons de fraude électorale. A l'époque, il s'était soldé par une victoire du oui au rattachement au Jura par 137 voix d'écart (51,7%). Ainsi, à un peu plus de deux semaines du vote, la tension monte autour de ce scrutin sous haute surveillance de la Confédération, qui devrait faire office, enfin, d'épilogue.
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Directeur de campagne de "Moutier Ville jurassienne", élu au législatif de la ville prévôtoise, Cédric Erard, 48 ans, appartient depuis toujours au camp autonomiste.
Un combat d'actualité
Pour lui, il est temps que la ville de Moutier puisse enfin rejoindre le canton du Jura: elle devrait y être "depuis longtemps", affirme ce Prévôtois de toujours, vendredi au micro de La Matinale.
L'enthousiasme pour le vote n'est pas retombé, il n'y a pas de lassitude selon lui. Cette bataille est actuelle: "Je ne veux pas vous embêter avec un rappel historique des faits, mais depuis les années 1970, Moutier devrait faire partie du canton du Jura. Ce n'est pas un problème du passé, preuve en est la mobilisation énorme des jeunes". Il s'agit du huitième vote depuis 1959.
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"On est poussés par un élan populaire"
L'annulation du vote de 2017 a été douloureuse, poursuit Cédric Erard. Il faut tourner la page avec un oui: "On ne peut pas effacer quarante ans d'élections à la mairie, au législatif, à l'exécutif. On ne peut pas effacer la mobilisation énorme qu'il y a derrière nous. On est poussés, véritablement, même dans cette campagne-ci, par un élan populaire: la population civile est derrière nous. On doit régler ce problème en votant oui, il n'y a pas d'autre issue possible."
Moutier ne devrait-il donc pas rester dans un grand canton avec les reins solides plutôt que rejoindre un petit canton avec des finances qui ne sont pas au beau fixe? C'est non, pour Cédric Erard: "Depuis 2017, nous sommes en campagne et Berne devrait faire les yeux doux à sa chérie. Et pourtant, je n'ai pas assez de temps pour énumérer les institutions, les services, qui ont été démantelés et, par exemple, déplacés à Bienne. Non. On voit ce que Berne nous propose, on le voit depuis des décennies. Il est au maximum de ses prestations sur Moutier, donc il est temps de changer de canton".
Propos recueillis par David Berger
Texte web: sjaq
Pour défendre le point de vue pro-bernois, la députée au Grand Conseil bernois, présidente du Conseil du Jura bernois et maire de la commune de Perrefitte,Virginie Heyer était l'invitée de La Matinale le mercredi 10 mars.
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L'argument principal de Cédric Erard
"On doit voter oui pour qu'on puisse tourner la page, régler ce problème et enfin passer à autre chose. Evidemment que nous allons très très vite nous réconcilier. La preuve est que depuis 2017, nous allons à la rencontre des gens et ils nous accueillent très bien".