Publié

La mort d'un aigle pose la question de l'impact des éoliennes sur la faune

Les éoliennes ne tuent que peu d’oiseaux chaque année, mais elles peuvent toucher des espèces rares
Les éoliennes ne tuent que peu d’oiseaux chaque année, mais elles peuvent toucher des espèces rares / 19h30 / 2 min. / le 1 février 2022
La mort de l'aigle qui a heurté la pale d'une éolienne au parc du Mont-Soleil (BE) a relancé le débat autour de la protection de la faune. La question est particulièrement sensible dans une région à forte densité de projets éoliens.

C'est en novembre dernier qu'un promeneur assiste à la funeste scène. Alors qu'il se balade aux alentours du plus grand parc éolien de Suisse au Mont-Crosin, le marcheur entend un bruit sourd et voit un volatile tomber.

En s'approchant, la personne découvre un aigle royal. Le garde-faune, averti plus tard par un agriculteur, le fera analyser.

>> Lire aussi : Un aigle royal tué par une éolienne au Mont-Soleil, rapporte BirdLife

Premier cas documenté

"Les vétérinaires ont confirmé que l'oiseau présentait de nombreuses fractures et qu'elles pouvaient provenir d'une éolienne. Mon collègue est garde-faune depuis 13 ans, moi depuis 24 ans. C'est la première fois qu'on a une telle annonce", explique Sébastien Balmer au 19h30.

Ce cas est le premier documenté en Suisse. La semaine passée, l'association Birdlife a décidé de rendre l'information publique. Objectif: alerter.

"La multiplication des projets de parcs éoliens sur les crêtes du Jura fait peser une lourde menace sur la réintroduction de l'aigle. Dans le cas présent, nous avons la démonstration que le rapace n'est pas à l'abri des éoliennes", argue François Turrian, directeur romand de Birdlife.

800 victimes par année, mais...

Le communiqué de Birdlife a rapidement été repris, notamment par l'association anti-éolienne Paysage Libre, qui demande un moratoire de 10 ans sur les nouvelles constructions.

Dans un communiqué de presse, Paysage Libre parle d'un aigle "décapité". Une information fausse qui leur a été signalée et corrigée entre-temps. Cette anecdote démontre toutefois que la thématique est émotionnelle et politique.

Reste la question de l'impact des éoliennes pour les oiseaux. Représentent-elles véritablement un danger?

Comparativement, la Confédération estime que chaque année, 30 millions d'oiseaux sont tués par des chats, 5 millions par des vitres et 1 million par des voitures.

Selon une étude réalisée par la Station ornithologique de Sempach sur mandat de la Confédération en 2016, une éolienne ferait en moyenne une vingtaine de victimes par an, soit environ 800 oiseaux pour les 41 hélices que compte la Suisse.

"Les victimes? Des espèces menacées"

"Les victimes de collision avec les éoliennes sont souvent des espèces qui sont menacées ou rares. Ce sont des petites populations d'oiseaux avec parfois une tendance à la baisse", commente Chloé Pang, responsable presse de la station ornithologique de Sempach.

"Dans le cas de l'aigle royal, il s'agit d'une espèce qui vit assez longtemps, qui a un taux de reproduction de maximum un jeune par année, ce qui fait que le décès d'un aigle adulte apparié, comme c'était le cas au Mont-Crosin, aura une influence négative sur la population locale", détaille-t-elle.

L'arrivée de l'espèce est récente sur les crêtes du Jura. Elle représente un nouveau paramètre à prendre en compte, alors que de nombreux projets éoliens sont prévus dans la région.

>> Relire aussi : L'aigle royal de retour dans le canton de Neuchâtel 200 ans après son extermination

Cédric Adrover/jfe

Publié