C'est le journal satirique "La Torche 2.0" qui avait appelé à voter pour celui qui anime notamment "La chose publique" sur Couleurs 3. Duja avait alors expliqué dans la presse qu'il n'appelait pas à voter pour lui, mais qu'il accepterait son élection.
Duja, qui est également chanteur dans deux groupes de rock, confiait au Temps lundi: "Pouvoir participer au transfert de Moutier dans le Jura, ce serait quelque chose de très puissant et symbolique pour moi. Dans ce contexte, j'ai aussi une voix à porter, celle des artistes."
Malgré son envie, Duja a refusé son élection - il avait obtenu 216 voix - au Conseil de ville de Moutier. Il a rendu public sa décision lundi après-midi.
Règles pour les employés de la SSR
Duja a averti, dès dimanche soir, sa supérieure hiérarchique directe de son élection, à savoir la cheffe de de l'unité Société Audio Véronique Marti.
Si elle l'a félicité pour son élection, elle était bien consciente du problème que cela pouvait poser pour un collaborateur de la RTS d'être à la fois "un porteur de l'image du service public" et un élu politique.
Il existe à ce propos deux textes de référence: la Directive SSR sur les activités politiques et la Directive RTS sur les activités accessoires externes, mandats politiques et charges publiques. Ces deux textes mentionnent l'impartialité et l'indépendance politique.
Deux options à choix
La RTS a donc proposé deux solutions à Duja: soit il refuse son élection en invoquant son devoir de réserve en tant que collaborateur du service public et il garde ses émissions sans changement, ou alors il décide d'accepter son élection et sa nouvelle émission au Palais fédéral sur Couleur 3 "La chose publique" est suspendue jusqu'au mois de novembre, date des prochaines élections municipales à Moutier.
Autre mesure: son périmètre de prise de parole dans "Gare à vous" sur RTS-La Première est rediscuté. Même s'il ne s'agit que d'une émission plus culturelle, il est impossible d'envisager dans ce cadre une séquence, par exemple, à Moutier.
Véronique Marti explique qu'il s'agissait de dispositions nécessaires, ce n'est pas de la rétorsion. Elles ont pour objectif d'éviter des conflits potentiels entre responsabilité professionnelle et engagement politique.
"Un saltimbanque" plébiscité
La décision de Duja va faire des déçus. Il y a ses électeurs et électrices, mais aussi les internautes qui l'ont félicité dès dimanche soir. On compte des centaines de "like" et des dizaines de commentaires, rien que sur son profil Facebook, où il a d'ailleurs remercié "toutes celles et ceux qui pensent qu'un saltimbanque, amplificateur de la voix des artistes locaux, avait sa place au Conseil de ville".
L'élection de dimanche doit encore être validée. Il faudra attendre dix jours pour savoir s'il y a d'éventuels recours et pour que les autorités signifient leur élection et l'obligation de siéger aux nouveaux élus. Ils ont la possibilité de présenter une demande de dispense. Trois raisons sont valables: l'âge, la santé ou... la profession.
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Gaël Klein/vajo
Un "lapin" siégera au Conseil de ville
Dimanche, un "lapin" s'est rendu aux urnes à Moutier. Dans le costume se trouvait Patrick Muster. Il faisait partie des rares candidats auto-proclamés lors des élections libre au Conseil de ville.
Son programme: détendre l'atmosphère après plusieurs votes tendus dans la ville. "C'était que ça. Pousser les gens au vote, et qu'ils aillent enfin se libérer de tous ces poids qu'ils ont eus pendant des années", confie-t-il au 19h30.
Patrick Muster a été élu avec 350 voix.