Chez les "pro-jurassiens", deux partis proposent une liste "spécial Moutier". Parmi eux, Le Centre, parti du maire de la ville Marcel Winistoerfer qui est candidat. Il espère avoir une influence sur les dernières modalités du transfert de Moutier. Même s'il avoue au micro de La Matinale que la marge est limitée.
"Mais tout de même, on est physiquement là et on peut corriger le tir si on entend quelque chose qui ne nous convient pas. Et de facto, on peut réagir. C'est quand même un avantage. Evidemment que sur l'influence des choses, je pense que c'est relativement faible, parce qu'au Grand Conseil, on serait un ou trois sur 160. Cela reste dérisoire sur l'ensemble du Grand Conseil."
Pour rappel, le Centre résulte de la fusion du PBD et du PDC. Or, dans le Jura bernois, ces deux partis n’étaient pas du même avis sur la question jurassienne. Il était donc presque inévitable pour eux de présenter deux listes.
Deux listes également pour les socialistes
Pour les mêmes raisons, il y a également deux Partis socialistes dans le Jura bernois: le PSA, pour Parti socialiste autonome, et le PSJB, pour Parti socialiste du Jura bernois.
Le PSA présente une liste sous son propre nom pour Moutier. Et en ce qui concerne le reste du Jura bernois, la gauche s’est entendue pour se regrouper sous un autre nom, "Ensemble Socialiste", comme l'explique Pierre Coullery, candidat et co-président du PSA.
"On s'est rendu compte au niveau du PSA, après le vote sur Moutier, qu'on était dans deux destins différents et que le reste de la région allait rester dans le canton de Berne. On s'est dit que pour promouvoir la gauche, il fallait trouver une autre solution qu'uniquement PSA. Car la lettre A de PSA pouvait rebuter certaines personnes qui étaient disposées de s'engager à gauche."
La question de Moutier étant réglée, la suite logique, pour les socialistes, serait la fusion. Mais pour l’instant, c’est prématuré, comme l'estime Pierre Coullery. "C'est qu'il y a encore des ressentiments entre les personnes qui sont forts et qui sont difficiles à concilier. Peut-être que les choses s'organiseront différemment dans quelques années."
"Vieille garde"
Les Prévôtois pro-bernois sont peu nombreux à se présenter. Parmi eux, il y a toutefois le sortant UDC Marc Tobler qui brigue un nouveau mandat. Il est actuellement le seul élu de Moutier au Grand Conseil. Il incarne ce qu’on pourrait appeler la "vieille garde" des anti-séparatistes. Il a tout intérêt à être réélu justement pour garder un œil sur les négociations du transfert.
"Je suis aussi dans la commission extérieure du Grand Conseil. C'est la commission qui s'occupera essentiellement du concordat. Cela veut dire que j'aurai un oeil intérieur sur ce qu'il se passe au niveau des préparations pour ce départ. De ce fait, c'est quelque chose qui m'intéresse pour ces quatre ans à venir."
Autre figure de cette "vieille garde" pro-bernoise, le PLR Patrick Roethlisberger veut quant à lui s’engager surtout pour sa région, plus que pour sa commune.
"Pour moi, c'est quand même encore important qu'on puisse défendre la région, le Jura bernois. Jusqu'à la preuve du contraire, on est encore dans le canton de Berne."
Selon lui, tout ne tourne pas autour de Moutier, puisque ce n’est qu’une commune parmi les quarante que compte le cercle électoral du Jura bernois. La population prévôtoise représente 13% de cet arrondissement.
La grande question sera de savoir si la population va se mobiliser pour ses élections. Quoi qu'il en soit, le taux de participation a augmenté entre 2014 et 2018, tournant autour de 40% pour le Grand Conseil à Moutier. A noter que le matériel de vote n’a pas encore été remis aux électeurs.
Célia Bertholet/fgn