Édifice impressionnant, sur la montagne du Moron, à 1336 mètres d'altitude, la tour de Moron mesure, elle, 30 mètres de haut, avec un escalier extérieur en colimaçon de 209 marches en calcaire, pesant 400kg chacune. Cette carte de visite n'est plus adéquate, puisqu'en mai déjà, 13 marches se sont effondrées. Un mois après, dans la nuit de mardi à mercredi, ce sont une trentaine de marches qui se sont retrouvées par terre.
Si la malchance était évoquée après le premier effondrement, avec les orages et la foudre, aujourd'hui la thèse structurelle est privilégiée, selon Philippe Niederhäuser, ingénieur en génie civil, au Bureau Niederhäuser: "On a des pistes au niveau chimique où le mortier et la pierre auraient une réaction ensemble de gonflement".
Un édifice valorisant
Ce phénomène était difficilement prévisible il y a 20 ans, lors de la construction de la tour par près de 700 apprentis maçons, dont l'objectif était de valoriser le travail de la pierre. Une enquête a été ouverte par le Ministère public qui devra établir les responsabilités, mais sa reconstruction prendra du temps et elle ne permettra sûrement pas de garder le même aspect.
En plus de ses particularités architecturales, la Tour offre une vue panoramique depuis sa plateforme au sommet, des Vosges au Mont-Blanc, et de la Forêt Noire au Säntis. Elle est donc devenue un atout pour le tourisme régional, "c'est une perte énorme dans le sens où de nombreux promeneurs, randonneurs, des gens qui faisaient du vélo, du VTT passaient ici, des milliers de personnes montaient sur cette tour", déplore Guillaume Davot, directeur de Jura bernois Tourisme.
Daniel Bachmann/ec
L'architecte Mario Botta se dit "très triste"
"Cela me fait beaucoup de peine, surtout pour les apprentis qui croient en leur métier", a déclaré vendredi à Keystone-ATS l'architecte Mario Botta. L'incident est pour lui un "mystère". "Au début, j'ai même pensé à un attentat".
L'architecte de réputation mondiale balaie toute responsabilité. "J'ai dessiné la tour, je n'ai pas suivi sa construction, ce n'était pas mon rôle". Il souligne par ailleurs que la technique utilisée n'était pas révolutionnaire.
Il explique aussi que l'idée était d'utiliser de la pierre du Jura, mais que celle-ci n'étant pas disponible, on avait finalement recouru à une pierre analogue venant d'Espagne. Celle-ci a été testée par le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de rechercher (Empa), ajoute Mario Botta.
Le Tessinois n'a plus visité la Tour de Moron depuis quelques années. Mais il compte bien se rendre sur place dès que possible.