Un cours d'éducation civique à Moutier (BE) illustre bien ce clivage. Une classe d'apprentis et d'apprenties en restauration a pris le thème du vote à 16 ans pour son débat. Du côté du groupe des partisans, l'argument est clair, le droit de vote à 16 ans "permet à plus de jeunes d'avoir un avis politique et d'avoir une vision de l'avenir du pays, et de leur propre avenir, parce que ça les concerne par la suite".
L'autre groupe est tout aussi catégorique, "à 16 ans, les jeunes n'ont pas la maturité nécessaire et pas de notion des implications que les opinions peuvent engendrer sur la vie".
Un OUI politique
Du côté des politiques pourtant, l'abaissement de l'âge pour voter avait été accepté par 90 voix contre 58, en novembre 2021. Pour ses partisans, il s'agit de lutter contre le vieillissement du corps électoral. "C'est un bon tremplin pour que les jeunes, au plus vite, s'approprient la politique, les thèmes politiques et prennent les bonnes habitudes d'être des votants", explique la députée des Verts, Moussia Von Wattenwyl.
La minorité estime, elle, par la voix du président de l'UDC bernoise Manfred Bühler, que le projet est illogique et partisan. Selon lui, "séparer la majorité civique à 18 ans du droit de vote est une bêtise, une bêtise pour essayer d'exploiter finalement la jeunesse, c'est un projet de gauche qu'il faut rejeter".
Glaris, unique précurseur
Dans tous les cantons où la question a été posée, la réponse a été négative. Sauf à Glaris, en 2007. Aux yeux du chancelier d'Etat Hans-Jörg Dürst, en 15 ans, les choses ont évolué, "les jeunes participent plus à la vie politique par le biais de la Landsgemeinde. Cela, nous l'avons vraiment constaté. Mais nous voyons lors des votations fédérales que nous restons un canton conservateur, même si parfois la Landsgemeinde montre un visage plus progressiste au niveau cantonal".
Vote à 16 ans, ou statu quo à 18 ans, les Bernois trancheront le 25 septembre. Mais le débat risque d'être relancé au niveau fédéral, car un projet similaire vient de partir en consultation au Conseil national, après qu'une initiative parlementaire a été acceptée par les deux Chambres.
Olivier Kurth