Une formation allégée à la HEP bernoise pour remédier à la pénurie d'enseignants

Pour faire face à la pénurie d'enseignants, la Haute école pédagogique bernoise va proposer une formation "allégée" pour le primaire dès la prochaine rentrée. Les conditions d’entrée de ce cursus sont simplifiées, mais ses débouchés plus limités.

Pour entrer à la PHBern, la HEP bernoise germanophone, il faut passer un examen complémentaire. Un travail de bachelor marque la fin des études. Ces deux conditions disparaissent dans la nouvelle filière. En échange, le diplôme n’est pas reconnu par la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), et n’est donc valable que dans le canton de Berne.

Selon Regula Fischer Herren, la responsable des formations extraordinaires à la PHBern, cette offre a des chances de séduire un certain profil. "Je pense qu'il y a quelques personnes qui savent qu'elles veulent rester dans le canton de Berne jusqu'à la fin de leur carrière professionnelle et ne veulent pas passer des examens complémentaires", avance-t-elle, ajoutant que le nombre d'intéressés est difficile à évaluer.

Elle estime toutefois que ce cursus allégé n’est qu’une partie de la solution: "Il ne faut pas seulement avoir plus d'étudiants pour la profession, mais aussi assurer que ceux qui ont étudié restent dans la profession", souligne-t-elle. A ses yeux, des conditions de travail attractives sont donc nécessaires.

Décision politique

Pour l’instant, ce cursus de la PHBern n’est disponible qu’en langue allemande. Il n'est pas question de l’intégrer du côté francophone. Comment expliquer cette différence?

"Il s'agit d'une décision politique", pointe Maxime Zuber, le recteur de la HEP BEJUNE, qui couvre Berne, le Jura et Neuchâtel et est située sur trois sites, à La Chaux-de-Fonds, Bienne et Delémont. "Le Grand Conseil bernois a ancré cette filière germanophone dans une base légale, parce que la pénurie d'enseignants et d'enseignantes au primaire touche plus fortement la Suisse alémanique que la Suisse romande, et plus la partie alémanique du canton de Berne que sa partie francophone. C'est pour répondre à un besoin que ce cursus allégé a été introduit."

Maxime Zuber [KEYSTONE - Stefan Meyer] — Lancement prochaine à Berne d'une formation light pour les enseignants en primaire: interview de Maxime Zuber / La Matinale / 1 min. / le 2 février 2023

Célia Bertholet/ami

Publié le 2 février 2023 à 11:58 Modifié le 2 février 2023 à 13:26

Pas de généralisation du cas bernois, selon David Rey

Le président du Syndicat des enseignants romands David Rey n’est pas convaincu que cette solution fasse des émules dans d'autres cantons. Les formations y sont déjà bien établies et ne vont pas dans le sens d'un allégement, dit-il. "Au contraire, c'est plutôt dans l'idée de rendre les enseignants plus employables", relève-t-il. Dans toute la Suisse, la tendance est en effet aux cursus étoffés. "On a toujours défendu des formations exigeantes pour les enseignants, pour avoir tous les outils pour exercer correctement", explique-t-il.