Une lutte très ouverte pour les sièges bernois au Conseil des Etats

LA COMPOSITION ACTUELLE DE LA DEPUTATION BERNOISE

• Conseil des Etats: 1 UDC, 1 PS

• Conseil national: 7 UDC, 4 PS, 4 Verts, 3 PVL, 2 Centre, 2 PLR, 1 PEV, 1 UDF

En 2019, l'UDC bernoise avait certes perdu deux sièges au Conseil national, mais avec 30% des suffrages et 7 fauteuils, elle était restée de loin le premier parti du canton à la Chambre du peuple.

Comme au niveau suisse, le deuxième parti à Berne était le PS avec 16,8% des voix. Mais il avait abandonné 2 sièges pour n'en compter plus que 4.

Les partis écologistes avaient suivi la vague nationale en gagnant 2 mandats pour Les Verts (4 au total, 13,6% des voix) et 1 pour les Vert'libéraux (3 au total, 9,7% des suffrages).

Les autres formations n'avaient récolté que les miettes: 2 sièges (-1) pour le PBD (désormais Centre), 2 sièges (égal) pour le PLR, 1 siège (égal) pour le Parti évangélique (PEV) et 1 siège (+1) pour l'UDF. A noter que l'élu du PEV siège dans le groupe du Centre et celui de l'UDF dans le groupe UDC.

Au Conseil des Etats, les deux fauteuils avaient été conquis par le représentant de l'UDC Werner Salzmann et le socialiste Hans Stöckli.

>> Retour sur ce qu'il s'était passé en 2019 : dans le canton de Berne

*    *    *    *    *    *    *    *    *    *   *    *    *    *    *

LES PRINCIPAUX POINTS D'INTERET POUR 2023

L'un des principaux enjeux des élections dans le canton de Berne sera de savoir si la minorité francophone Jura bernois conservera un représentant à Berne. Ejecté lors des élections fédérales de 2019, l'UDC Manfred Bühler a pu retrouver une place au Conseil national début 2023 en succédant à Albert Rösti en tant que premier des viennent-ensuite de son parti.

Le score de l'UDC dans l'un de ses bastions historiques en Suisse sera également scruté de près. Si le parti a perdu une locomotive électorale avec Albert Rösti, il peut désormais compter sur la visibilité d'un conseiller fédéral. De sa faculté à fédérer ses troupes dépendra également le résultat de l'élection au Conseil des Etats, qui s'annonce très ouverte. Les alliances à gauche et à droite pourraient aussi bouleverser la donne.

Le retrait de Hans Stöckli, "dinosaure" de la politique cantonale, est aussi un enjeu majeur. Savoir qui le remplacera au Conseil des Etats est au centre des discussions, avec notamment une lutte au sommet à gauche entre la socialiste Flavia Wasserfallen et le Vert Bernhard Pulver.

*    *    *    *    *    *    *    *    *    *   *    *    *    *    *

CONSEIL DES ETATS: LES ENJEUX

Dans la course au Conseil des Etats, tous les partis ont affiché un certain appétit pour reprendre le siège qui est laissé vacant par le socialiste Hans Stöckli, qui va quitter la Chambre des cantons après trois législatures, mais aussi pour attaquer le fauteuil actuellement en mains de l'UDC, en la personne de Werner Salzmann. Signe de ces ambitions, un record de 17 candidats sont en course, mais aucun du Jura bernois. Avec autant de prétendants, il est peu probable que les deux sièges soient attribués au 1er tour.

Il y a quatre ans, l'UDC avait réussi à reprendre son fauteuil de sénateur au PBD grâce à une alliance avec la libérale-radicale Christa Markwalder. Cette entente bourgeoise avait barré la route à l'élection de deux pointures de la gauche du canton, le sortant Hans Stöckli et la présidente d'alors des Verts Regula Rytz. Seul le premier avait été élu.

La logique voudrait qu'à nouveau la députation se partage entre un représentant de la gauche et un de la droite. Mais tous les partis misent sur des poids lourds pour créer l'exploit. Pour l'UDC, Werner Salzmann part avec les faveurs des pronostics en tant que sortant et au vu de la force du parti dans le canton.

Pour conserver son siège, le Parti socialiste mise sur sa conseillère nationale Flavia Wasserfallen, qui a plusieurs fois été pressentie pour se lancer dans la course au Conseil fédéral. Mais Les Verts ont affiché leur appétit en envoyant dans la course l'ancien conseiller d'Etat Bernhard Pulver qui, s'il n'a plus de mandat politique, demeure très populaire.

Les Vert'libéraux ont eux choisi le conseiller national et président du parti suisse Jürg Grossen. La maire de Nidau et députée PLR Sandra Hess, le conseiller national du Centre Lorenz Hess et le conseiller national du Parti évangélique Marc Jost sont également candidats. Le Parti pirate lance lui deux candidats.

*    *    *    *    *    *    *    *    *    *   *    *    *    *    *

CONSEIL NATIONAL: LES ENJEUX

Plusieurs élues et élus de pointe du canton de Berne vont quitter le Conseil national à l'issue des prochaines élections: la PLR Christa Markwalder, présidente de la Chambre du peuple en 2016, ainsi que trois UDC, Andreas Aebi, également au perchoir du National en 2021, Andrea Geissbühler et Erich von Siebenthal. La Verte Regula Rytz s'était elle retirée en cours de législature.

Avec ces départs, les cartes pourraient être brassées dans le canton, qui doit élire 24 personnes pour le National. L'UDC devrait logiquement rester le premier parti bernois. Le parti a d'ailleurs annoncé viser un total de huit mandats, soit un de plus qu'aujourd'hui, avec comme locomotives les sortants qui se représentent Erich Hess, Lars Guggisberg, Nadja Umbricht-Pieren et Manfred Bühler. Le conseiller aux Etats Werner Salzmann est également sur la liste.

Apparenté à l'UDC, le PLR mise lui sur sa locomotive Christian Wasserfallen pour augmenter sa députation, mais le retrait de l'autre représentante actuelle du parti, Christa Markwalder, très en vue sous la Coupole, pourrait peser sur le résultat. Le PS compte en premier lieu sur ses sortants Flavia Wasserfallen, Tamara Funiciello, Nadine Masshardt et Matthias Aebischer pour tirer les listes vers le haut.

A voir aussi si les partis écologistes parviennent à maintenir la députation supplémentaire acquise il y a quatre ans. Apparentés au PS, Les Verts misent notamment sur les sortantes Christine Badertscher, Natalie Imboden, Aline Trede et Kilian Baumann. Les Vert'libéraux ont déposé neuf listes, où figurent les trois sortants Jürg Grossen, Kathrin Bertschy et Melanie Mettler.

Du côté des sortants, Le Centre mise à nouveau sur Lorenz Hess et Heinz Siegenthaler, le PEV sur Marc Jost et l'UDF sur Beat Gafner. Un total de 39 listes ont été déposées pour le National, soit 776 candidatures, dont 328 femmes.

Et que deviendra la députation du Jura bernois? La minorité francophone du canton (8% de la population) n’est aujourd'hui représentée que par un seul élu, l’UDC Manfred Bühler, de retour en janvier après l'élection d'Albert Rösti au Conseil fédéral. Placé en première position sur la liste de son parti, le maire de Cortébert semble bien parti pour être reconduit. Le PS et le PLR du Jura bernois espèrent eux aussi placer l'un de leurs candidats à la Chambre du peuple.

Frédéric Boillat