Le dépôt situé à Mitholz, dans l'Oberland bernois, a explosé en 1947, détruisant des dizaines de maisons et faisant neuf morts. C'est en 2018 que le Département fédéral de la défense (DDPS) a annoncé sur la base d'un nouveau rapport que les risques étaient plus élevés que ce que l'on pensait et qu'il fallait évacuer le village.
Sur 3500 tonnes de résidus d'explosifs, de débris et de munitions brutes, le DDPS part d'une quantité de munitions déplaçables d'environ 1500 tonnes, a rappelé pour la commission le Vert fribourgeois Gerhard Andrey. Problème, des incertitudes subsistent sur leur emplacement, leur dispersion et leur état.
Hormis l'UDC, tous les partis ont plaidé pour une élimination complète des munitions, écartant d'autres variantes qui feraient encore perdre du temps. L'UDC voulait elle attendre l'achèvement de sondages par le centre de compétence pour le déminage DEMUNEX. En vain. Sa proposition de renvoi au Conseil fédéral a été rejetée par 167 voix contre 22.
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Une situation pressante
"C'est une véritable bombe à retardement". Il y a une attente importante de la population, et la Confédération et le Parlement se doivent de la rassurer en lançant sans attendre les travaux d'évacuation", a déclaré le Vert neuchâtelois Fabien Fivaz.
L'élimination complète des munitions permettra à la population d'entrevoir enfin un avenir sûr et prospère, estime de son côté la PLR vaudoise Jacqueline de Quattro. "Nous ne voulons pas laisser aux générations futures la responsabilité de résoudre ce problème."
"Aujourd'hui, on ne peut pas faire plus, mais on ne peut pas se permettre de faire moins", a ajouté l'élue PLR zurichoise Doris Fiala. "La population riveraine a le droit d'être mise en sécurité", selon le centriste bernois Heinz Siegenthaler. Il admet que le projet est cher et le risque financier très élevé, "mais ce risque ne va pas disparaître avec des compléments de travaux".
Mettre fin aux incertitudes des habitants
Le Vert'libéral bernois Jürg Grossen, dont une parenté a vécu à l'âge de 3 ans les événements tragiques de Mitholz, s'est fait le porte-parole des habitants du village: "Ce que vit la population est indescriptible: elle doit se faire à l'idée de quitter son chez-soi durant plus de 20 ans, c'est un véritable exil. Elle attend depuis cinq ans de savoir à quoi s'en tenir".
Mais pour l'UDC, le dossier ne nécessitait pas une telle urgence, alors que rien n'a été fait durant 75 ans. "Nous comprenons la situation de la population et sommes conscients des risques. Personne ne pense qu'il ne faut rien faire", a déclaré le Valaisan Jean-Luc Addor. La question est juste de savoir quelle solution choisir et à quel prix, a-t-il ajouté.
L'UDC zurichois Bruno Walliser a quant à lui critiqué une campagne massive de communication qui a mis les parlementaires sous pression. Un point de vue que le groupe UDC n'a pas complètement suivi.
Le PS s'est aussi positionné pour la solution d'une élimination complète des munitions. Mais il ne s'est pas privé de rappeler la responsabilité de l'armée. "Le DDPS ne pourra faire l'économie d'une prise en compte des pollutions des eaux ailleurs en Suisse", a déclaré le Jurassien Pierre-Alain Fridez qui plaide pour la fin des tirs dans le lac de Neuchâtel.
Une vingtaine de maisons à évacuer
Le projet prévoit de vider l'ancienne galerie ferroviaire, les munitions se trouvant sous le cône d'éboulis à l'entrée de la galerie et l'ensemble de la zone touchée par l'explosion de 1947.
Un tunnel devra être construit pour protéger la route nationale et une galerie pour la voie ferroviaire. Durant toute la période des travaux, le trafic par le rail et la route resteront garantis.
Quant à la population, certains habitants pourront rester chez eux. Mais vingt maisons, situées dans le périmètre de sécurité, devront être évacuées d'ici fin 2030. Certains ont déjà vendu leur bien à la Confédération.
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ats/iar
Un crédit versé sur 25 ans
Le déminage de Mitholz coûtera 2,59 milliards à la Confédération. Le crédit sera versé sur 25 ans. Une première tranche de 1,09 milliard englobe les mesures préliminaires et de protection ainsi que les préparations liées à l'élimination des déchets.
La deuxième tranche, de 740 millions, finance l'élimination des munitions, la remise en état du terrain et le retour de la population. Cette étape commencera dès 2031. Une enveloppe de 760 millions est prévue pour le renchérissement et les risques du projet.
Les coûts sont à la charge de la Confédération et non du DDPS. Un rapport de 1950 a en effet déchargé le département militaire de sa responsabilité, a précisé la cheffe du DDPS Viola Amherd.