De belles vaches qui paissent dans une herbe grasse et verte: que serait la Suisse sans ces ruminants si souvent associés au paysage pittoresque de notre pays?
Mais cette image idyllique est forcément accompagnée d'une bande-son. Et celle-ci ne plaît pas à tout le monde.
A Aarwangen, une bourgade de la région bernoise de Haute-Argovie, une plainte a été déposée au début de l'année à cause du "tapage" nocturne d'un troupeau d'une quinzaine de vaches et de leurs cloches.
Deux couples vivant dans des appartements mitoyens du champ en question ont demandé aux autorités d'intervenir et de veiller à ce que l'agriculteur retire les cloches de ses bêtes la nuit.
Une cohabitation entre des fermes et des habitations
Le village compte encore 19 fermes en activité, mais celles-ci cohabitent désormais avec de nouvelles zones résidentielles.
Je n'étais pas conscient que les vaches font beaucoup de bruit, mais j'ai constaté que ça peut déranger des personnes.
"Ma première réaction quand j'ai eu connaissance de cette plainte, c'était un certain étonnement," a déclaré le maire de la commune de 4800 habitants, Niklaus Lundsgaard-Hansen.
La réaction de la population locale ne s'est pas fait attendre et une initiative a été lancée pour préserver non seulement les cloches des vaches, mais aussi celles de l’église. Les tenants de la tradition ont recueilli 1099 signatures, soit presque un quart de la population totale.
L'initiative a été présentée lundi lors d'une assemblée communale, qui a décidé d'organiser un vote populaire en juin prochain.
Les tintements jugés au cas par cas
Aarwangen est loin d'être un cas isolé en Suisse. Un nombre croissant de plaintes ont été déposées ces dernières années contre les cloches des vaches mais aussi celles des clochers.
En 2021, un tribunal argovien avait par exemple décidé qu'un agriculteur devait enlever les cloches de ses vaches à partir de 22h pour ne pas troubler le sommeil des habitants.
Perte d'une "tradition"?
Ces plaintes réveillent aussi la peur d'une perte d'identité dans un pays où un quart de la population est étrangère. "Il s'agit de notre tradition", lance Andreas Baumann, neurologue à l'origine de la défense des cloches et habitant de la commune.
"Voulons-nous préserver ce que nos ancêtres ont créé ou le mettre simplement dans un musée?", interroge t-il.
"Les cloches font partie de l'ADN des Suisses et ici à Aarwangen, nous voulons les préserver.
Sur les deux couples qui ont déposé plainte, l'un a décidé de la retirer tandis que l'autre envisage de quitter le village, a indiqué le maire.
Quel que soit le résultat du vote populaire, les vaches pourraient se voir retirer leur cloche la nuit si les autorités estiment qu'elles dépassent les niveaux de bruit acceptables.
afp/doe