Des échauffourées près de la Reitschule à Berne font vivement réagir

La Reitschule, également appelée Kulturzentrum Reithalle, à Berne. [Keystone - Alessandro della Valle]
Affrontements entre police et manifestants à la Reitschule de Berne: le chef de la police dénonce une attaque ciblée / Forum / 2 min. / le 6 mai 2024
Onze agents de police ont été blessés lors d'affrontements ce week-end avec des manifestants aux abords de la Reitschule, centre culturel alternatif emblématique de la capitale. Le chef de la police cantonale bernoise a dénoncé une attaque ciblée.

Le maire de la Ville de Berne Alec von Graffenried a qualifié lundi ces échauffourées d'incompréhensibles et d'effrayantes. "La Ville va maintenant analyser les incidents survenus dans la nuit de samedi à dimanche", a déclaré l'écologiste à SRF.

Pour le moment, les autorités n'ont pas encore évoqué ces événements avec les exploitants de la Reitschule. Des incidents aussi violents ne s'étaient plus produits depuis environ cinq ans.

Réagissant rapidement, l'UDC de la Ville de Berne a demandé la fermeture de ce centre alternatif. Pour elle, la Reitschule "sert de base logistique pour les attaques de la gauche extrémiste et violente contre la police et les passants". L'UDC estime que le canton de Berne doit intervenir si la Ville n'entreprend rien.

Pression sur la Ville de Berne

Justement, le conseiller d'Etat bernois PLR Philippe Müller demande à Berne d'assumer ses responsabilités. Le directeur cantonal de la sécurité a expliqué lundi qu'il attendait de la municipalité qu'elle prenne des mesures pour endiguer la violence.

La Ville de Berne pourrait par exemple faire dépendre son soutien financier à la Reitschule de la survenance de pareils événements. Il serait également envisageable de fermer le centre alternatif pendant une ou deux semaines comme cela se produit pour certains secteurs dans les stades de football après des débordements, a relevé le conseiller d'Etat bernois.

Ces incidents seront abordés le 16 mai au Conseil de Ville de Berne. Le groupe parlementaire UDC a demandé l'ouverture d'un débat urgent sur ce thème et plusieurs élus vont déposer des interventions sur la Reitschule. L'installation d'une vidéosurveillance pour assurer la sécurité de l'espace public sera sans doute évoquée.

Jets de pierres et de bouteilles

Des patrouilles de police étaient intervenues dans la nuit de samedi à dimanche après avoir été informées que des individus masqués tentaient de mettre le feu à des conteneurs et à ériger des barricades à la Schützenmatte, dans le périmètre de la Reitschule.

Arrivés sur place, les policiers ont été accueillis par des jets de pierres et de bouteilles et des lasers. La police a répliqué avec des balles en caoutchouc, des canons à eau et des gaz irritants. Onze policiers ont été blessés. Les trois qui ont été admis à l'hôpital ont pu quitter l'établissement.

"Ces collaborateurs ne devraient pas avoir de séquelles", a déclaré une porte-parole de la police cantonale bernoise. Lors de ces heurts, des voitures de police mais aussi de particuliers avaient été endommagées.

Ce sont des patrouilles ordinaires qui ont été engagées pour rétablir l'ordre, sans tenue anti-émeute, a déclaré le chef de la police régionale bernoise Willi Manuel sur la chaîne de télévision Telebärn. Les agents n'auraient pas porté de casque.

Uniquement à l'extérieur de la Reitschule

Les responsables de la Reitschule n'ont pas encore pris position sur le cas de samedi dernier. Sur les réseaux sociaux, de nombreux sympathisants arguent que les affrontements ont eu lieu aux abords de la Reitschule et non dans la Reitschule.

La Schützenmatte, la place extérieure, est un point chaud, qui vit en ce moment une recrudescence de violence et de deal. Les travailleurs de rue de la Ville de Berne refusent désormais de s’y rendre la nuit. Par le passé, le collectif de la Reitschule donnait l'argument qu'il honorait son contrat avec la Ville en assurant la sécurité à l'intérieur, et refusant de prendre la responsabilité des problèmes à l'extérieur.

asch avec cb et ats

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Thème récurrent de la vie politique bernoise

Depuis son affectation comme centre culturel en 1987, la Reitschule - ou Reithalle - est devenue un thème récurrent de la politique municipale bernoise. Pour la droite, l'endroit est un espace de non-droit servant de repères aux casseurs lors de manifestations et de refuge pour les dealers.

Les citoyens ont déjà été appelés plusieurs fois aux urnes pour se prononcer sur ce symbole controversé de la vie culturelle. Et à chaque fois, le peuple a voté en sa faveur.