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La justice bernoise veut lever l'immunité des politiciens UDC Marco Chiesa et Peter Keller

Le conseiller tessinois aux Etats réélu Marco Chiesa (UDC). [Keystone - Gaetan Bally]
La justice bernoise veut lever l'immunité des politiciens UDC Marco Chiesa et Peter Keller / Forum / 6 min. / le 31 août 2024
La justice bernoise a confirmé samedi qu'elle examinait si la campagne de l'UDC de l'an dernier comportant le slogan "nouvelle normalité?" a enfreint la norme anti-discrimination. Elle a demandé pour ce faire au Parlement de lever l'immunité de deux élus, le Tessinois Marco Chiesa et le Nidwaldien Peter Keller.

Cette campagne, qui avait été lancée avant les élections fédérales de l’année passée, avait suscité passablement de polémiques. Avec de nombreux visuels, l'UDC dénonçait les actes criminels de demandeurs d'asile et d'étrangers.

En octobre 2023, le parti écrivait par exemple sur X "Dreirosenanlage (BS): de nombreux trafiquants de drogue sont des demandeurs d'asile d'Afrique du Nord".

Plusieurs plaintes pénales

La campagne avait par ailleurs été jugée raciste et xénophobe par la Commission fédérale contre le racisme, qui avait demandé à l'UDC d'interrompre sa diffusion. Le parti avait alors rétorqué qu'il s'agissait d'une censure et d'une atteinte à la liberté d'expression.

Des plaintes pénales ont aussi été déposées dans plusieurs cantons, dont Berne, notamment par "l’Eritreische Medienbund Schweiz" (Fédération suisse des médias érythréens). Avec des informations sélectives sur des délits, l'UDC tente de donner l'impression que les personnes d'origine étrangère sont criminelles et dangereuses et les rabaisse ainsi, argumente l'organisation.

L'un des visuels de l'UDC pour la campagne "Nouvelle normalité".
L'un des visuels de l'UDC pour la campagne "Nouvelle normalité".

Un examen par les deux commissions compétentes

Le Ministère public bernois, qui a confirmé samedi une information de CH-Media, ne veut pas en rester là. Formellement, les procédures sont pour l'heure menées contre inconnu, car aucune procédure ne peut être ouverte contre les personnes concernées avant la levée de l'immunité.

La levée de l'immunité du conseiller aux Etats tessinois Marco Chiesa et de l'ancien conseiller national nidwaldien Peter Keller a donc été demandée, eux qui étaient au moment de la campagne de 2023 président de l'UDC et secrétaire général du parti. Il faut rappeler à ce sujet que les élus de l’Assemblée fédérale bénéficient d’une immunité qui concerne les actes qui ont un rapport direct avec leurs fonctions ou les activités officielles. Et cette immunité les préserve de poursuites pénales.

Depuis juin 2011, ces demandes sont traitées par les commissions compétentes des deux Chambres de l’Assemblée fédérale et non plus par l’Assemblée fédérale elle-même. Au Conseil national, c'est la commission de l'immunité, qui est constituée de 9 membres et qui est actuellement présidée par l'UDC fribourgeois Pierre-André Page. Au Conseil des Etats, c’est la commission des affaires juridiques, avec à sa tête le socialiste zurichois Daniel Jositsch.

>> Relire : L'UDC fait face à plusieurs plaintes pour racisme dans le cadre de sa campagne électorale

Sujet et interview radio: Gaël Klein et Coralie Claude

Texte web: lan/boi avec ats

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L'UDC dénonce une attaque scandaleuse

L'UDC a réagi à cette annonce par le biais d’un communiqué. C’est une attaque scandaleuse contre la démocratie et la liberté d’expression, y déclare l’actuel président de l’UDC Marcel Dettling.

Selon lui, on met en accusation les représentants de l’UDC qui appellent ces abus par leur nom, au lieu de lutter contre la criminalité importée.

L’UDC précise encore que Marco Chiesa et Peter Keller ne s’exprimeront pas à ce stade sur la procédure en cours.

Une procédure rare

Ce type de procédure est rare, mais il y en a eu quelques-unes ces dernières années, et notamment celle qui a concerné là encore un ancien président de l’UDC en 2013. Le conseiller national Toni Brunner était alors dans le viseur de la justice à la suite d'une plainte pour discrimination raciale.

L'élu était alors considéré comme responsable d’une annonce publiée dans le cadre de la campagne en faveur de l'initiative contre l'immigration de masse.

Les deux commissions avaient refusé de lever son immunité parlementaire au motif notamment que le sujet de l'annonce était dans la ligne des thèmes traités par l'UDC.