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Quel avenir pour les hôpitaux bernois, en souffrance financière?

Des salles de l'hôpital du groupe Insel à Berne. [Keystone - Peter Schneider]
À Berne, les hôpitaux en pénurie de personnel et en crise financière pourraient licencier massivement / Forum / 2 min. / le 17 juillet 2024
Des centaines de postes pourraient être biffés à l’Hôpital de l’Ile à Berne, selon la presse alémanique. Le groupe qui gère cet établissement connaît de graves difficultés financières, tout comme d'autres hôpitaux bernois.

Avec ses cinq hôpitaux et ses 10’500 employés, l'Inselgruppe est le plus gros employeur du canton de Berne. Mais sur les deux dernières années, le groupe a accusé 200 millions de francs de perte et il a annoncé la semaine dernière un plan d’action qui devrait notamment permettre d’économiser 5% en frais de personnel. Selon SRF, cela signifierait de supprimer 200 à 300 postes

>> Lire à ce propos : Le groupe hospitalier Insel en difficulté, de nombreuses suppressions de postes en vue

Les causes de ces problèmes financiers sont multiples, entre les changements de tarification, la hausse des coûts d'exploitation ou la pénurie de personnel. La crise n'est pas nouvelle. Il y a six ans, un nouveau directeur a été nommé au chevet du groupe. Mais il a été remercié cette année avec effet immédiat, accusé notamment d'avoir une culture d'entreprise toxique, en lien avec ses idées de restructuration. L'année dernière, deux hôpitaux du groupe Insel ont été fermés en région bernoise, toujours pour des raisons financières.

Tumultes à l'hôpital de Zweisimmen

D'autres hôpitaux bernois sont aussi en difficulté. L'établissement de Zweisimmen a frôlé la fermeture, après une crise qui a duré dix ans. Il est géré par l'hôpital de Thoune, qui prévoyait de tout centraliser, car le site n'est pas rentable. L'emplacement de Zweisimmen est pourtant crucial: il est situé au cœur de l’Oberland bernois, pratiquement au pied des Alpes. Les patients de cette région auraient dû faire une heure de trajet pour se rendre à Thoune.

Plusieurs pistes ont été étudiées pour le sauver. Récemment, l'idée de sa revente à un groupe privé a été évoquée, ce qui a provoqué de nombreux remous. La solution du canton de Berne a finalement été de remplacer le Conseil d’administration de l’hôpital. L'établissement de Zweisimmen reste donc en mains publiques, selon la volonté de ses nouveaux dirigeants, même si la question financière reste problématique.

La solution du privé

La reprise par un privé est pourtant ce qui a permis la survie de l’hôpital du Jura bernois, qui s’appelle désormais Réseau de l’Arc. Il regroupe les sites de Saint-Imier, Moutier, ainsi que plusieurs cabinets médicaux dans la région. Le canton a vendu une partie de ses actions au groupe Swiss Medical Network.

Cette année, le Réseau de l’Arc présente un modèle de "soins intégrés" en partenariat avec une assurance et le canton de Berne. La prise en charge est organisée par le groupe hospitalier, qui garantit un médecin de famille à chaque membre. Le personnel médical est rémunéré au forfait et non plus en fonction du nombre des actes médicaux.

Ce modèle est toutefois critiqué, puisqu'il peut signifier la fin du libre choix du médecin. L’assurance partenaire est en outre au capital-actions de l’hôpital, ce qui peut laisser craindre une mainmise de l’assureur sur les soins. Des critiques ont également été adressées par le personnel médical sur le management et la rémunération au forfait. Plusieurs médecins ont quitté les centres médicaux gérés par le Réseau de l’Arc.

"Modèles nécessaires à l'avenir"

Pour Pierre Alain Schnegg, membre du Conseil-exécutif bernois en charge de la Santé, la piste de la privatisation est "une piste intéressante, qui peut certainement être appliquée à d'autres régions". Dans Forum, l'UDC explique que "lorsque la situation dans une région est difficilement gérable par le public, pourquoi pas trouver des solutions de partenariats avec des privés et de développer des modèles qui, à l'avenir, seront de plus en plus nécessaires."

Pour les cas de gériatrie ou d'infections lourdes, les longs déplacements ne sont absolument pas indiqués

Pierre Alain Schnegg, membre du Conseil-exécutif bernois en charge de la Santé,

Interrogé sur la question du nombre d'hôpitaux dans le canton, Pierre Alain Schnegg estime que "certains hôpitaux peuvent être fermés. Le canton de Berne en a fermé beaucoup. Encore l'année passée, nous avons fermé l'hôpital de Münsingen. Il y a un peu plus de six mois, nous avons fermé l'hôpital de Tiefenau. Ce sont des hôpitaux qui se trouvaient dans des zones où nous avons aucun problème de capacité pour traiter les patients de ces régions."

Le conseiller d'Etat précise qu'il faut tout de même garder certains hôpitaux de taille plus petite. "Pour les cas lourds, nous n'avons pas de problème de capacité. Mais ce sont plutôt pour les cas simples, de gériatrie, de personnes qui doivent être hospitalisées par exemple avec des infections lourdes. Pour ces personnes, des longs déplacements ne sont absolument pas indiqués. Et ce ne sont pas des cas qui intéressent les grandes structures. On doit donc faire très attention lorsque l'on dit qu'il y a trop d'hôpitaux."

Célia Bertholet/asch

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