Peut-on interdire aux jeunes ados de sortir la nuit?

La commune de Moosseedorf a rencontré plusieurs problèmes d’incivilités et de vandalisme, a indiqué le maire à la RTS. Cette mesure s’inscrivait dans une politique plus globale pour lutter contre ce phénomène, et visait surtout à responsabiliser les parents.

Mais un groupe d’une quinzaine de citoyens a déposé un recours. "On ne peut pas punir collectivement un groupe en particulier, sans résoudre le véritable problème", estime Madeleine Thönen, 77 ans, interrogée lundi dans La Matinale. "D'autres communes ont instauré un couvre-feu et ça n’a rien arrangé. Cette mesure ne sert à rien. Et pour les auteurs d’actes de vandalisme, il existe déjà des moyens juridiques pour les punir", poursuit cette seniore qui travaille comme aide dans le parascolaire.

Couvre-feu à Studen

La commune de Studen, près de Bienne, a déjà instauré un couvre-feu pour les moins de 14 ans. Ils ne doivent pas être dehors après 22h sans être accompagnés. Le couvre-feu ne concerne pas un simple trajet pour rentrer d'une sortie au cinéma ou d'un entraînement sportif, mais il interdit aux jeunes adolescents de "traîner" dehors.

Il manque une réglementation. Nous devons établir certaines règles. Voilà pourquoi le sujet est assez controversé. 

A Studen, le règlement communal devait être révisé et les autorités ont décidé d’y ajouter cette mesure à des fins de protection de la jeunesse. Mais le maire Heinz Lanz regrette presque sa décision. Interrogé lundi dans La Matinale, il cite "la charge de travail et le nombre de critiques". Mais il indique également avoir reçu "des appels et des e-mails de soutien de toute la Suisse". Selon lui, "il manque une réglementation. Nous devons établir certaines règles. Voilà pourquoi le sujet est assez controversé".

C'est l'affaire des parents, de l'éducation et cela ne devrait pas être réglementé par l'État.

Au sein de l’Assemblée communale, la mesure n’a pas fait débat. Mais le parti des Jeunes PLR du canton de Berne a voulu la combattre. Son président Jason Steinmann estime "anti-libéral de dicter aux jeunes et aux enfants l'heure à laquelle ils doivent être à la maison le soir. Cela va à l’encontre des libertés fondamentales". Pour lui, "c'est l'affaire des parents, de l'éducation et cela ne devrait pas être réglementé par l'État". Mais le parti n’a pas de membre à Studen, et n’a pas réussi à convaincre des habitants pour un recours.

Qu'en pensent les jeunes?

A Studen, la plupart des jeunes concernés estiment que ça ne change pas grand-chose et pensent que c’est une bonne idée. Ils trouvent normal de ne pas pouvoir sortir tard avant l’âge de 14 ans, ont indiqué plusieurs jeunes à la RTS sur place.

Le couvre-feu constitue clairement une violation des droits de l'enfant.

Un autre jeune estime pour sa part que cette interdiction communale est une atteinte aux libertés, même si ses parents ne l'autorisent pas à sortir le soir. Un avis que partage l’UNICEF Suisse, qui a publié une prise de position sur son site. Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance, le couvre-feu pour les jeunes est contraire à la Convention des droits de l’enfant, ratifiée par la Suisse en 1997 et constitue clairement une violation des droits de l'enfant.

Mais signer une convention n’en fait pas une loi contraignante pour autant. Il faut également constater que dans de nombreux cas, les couvre-feux ne dérangent pas. On ignore même parfois qu’ils existent. Dans le canton de Berne, bien avant Studen, Nidau a instauré un couvre-feu pour les moins de 14 ans. A Lyss, la mesure s’applique aux moins de 16 ans. Dans le canton de Vaud également, les moins de 16 ans n’ont en théorie pas le droit de rester dehors non accompagnés après 22h.

Sujet radio. Célia Bertholet

Adaptation web: Julie Liardet