Le gouvernement bernois va opposer un contre-projet à l'initiative pour un arrêt immédiat de Mühleberg. Il souhaite proposer au peuple une date butoir pour la fermeture de la centrale. Le texte devrait être mis en consultation en janvier avant d'être présenté au Grand Consei
"On ne peut pas simplement appuyer sur un interrupteur"
Le Conseil-exécutif estime que l'arrêt immédiat de Mühleberg irait à l'encontre des politiques énergétiques du canton de Berne et de la Confédération. Personne ne pourrait s'y préparer, a expliqué la conseillère d'Etat Barbara Egger-Jenzer (Parti socialiste). "On ne peut pas simplement appuyer sur un interrupteur".
Et sur le plan politique, il est nécessaire d'opposer un contre-projet, estime le Conseil-exécutif. Cela lui permet de renforcer sa position en faveur d'une sortie planifiée et ordonnée du nucléaire. Il souligne qu' "il sera le premier gouvernement en Suisse à fixer une date butoir pour l'arrêt d'une centrale nucléaire existante".
Au plus tard en 2022
La date de la fermeture de la centrale doit encore être fixée. Elle ne pourra cependant pas dépasser 2022, soit 50 ans après la mise en service de la centrale, a précisé Mme Egger-Jenzer.
Il est possible que le gouvernement propose une date plus proche, a-t-elle ajouté. Il faudra cependant examiner attentivement les conséquences d'une telle décision, notamment sur le plan économique.
Initiative déposée en février
Indépendamment de ce délai, il va sans dire que Mühleberg devrait être immédiatement mise hors service si la société qui l'exploite, FMB Energie SA, ou l'autorité de surveillance n'étaient plus en mesure d'en garantir la sécurité, a souligné vendredi le gouvernement dans un communiqué.
Cette initiative a été déposée en février. Elle ne comporte qu'une phrase: "En tant qu'actionnaire majoritaire des Forces motrices bernoises qui exploitent la centrale, le canton doit veiller à la mise hors service immédiate" de l'installation. Mühleberg se situe à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de la ville fédérale.
ats/mre/char
Historique des votations sur Mühleberg
La démarche des initiants a été motivée par la catastrophe de Fukushima, survenue en mars 2011. La sécurité de la centrale nucléaire de Mühleberg, mise en service en 1972, est depuis longtemps l'objet de controverses. Les citoyens du canton de Berne ont été consultés à plusieurs reprises sur la question.
Lors d'un vote consultatif organisé le 16 février 1992, les Bernois refusaient par 51% des suffrages d'accorder une autorisation d'exploitation illimitée à la centrale nucléaire.
Le 24 septembre 2000, les citoyens rejetaient par 64,3% des voix une initiative cantonale de l'association "Berne sans atome" qui exigeait un arrêt de la centrale de Mühleberg d'ici fin 2002.
Le 13 février 2011, un mois avant la catastrophe de Fukushima, les citoyens du canton de Berne se prononçaient à une très faible majorité pour la construction d'une nouvelle centrale lors d'un vote à titre consultatif.
Les positions des partis politiques
Le Parti socialiste (PS) est déçu de la décision du gouvernement d'opposer un contre-projet à l'initiative. Le PS estime que cette procédure prendra du temps et retardera d'autant une votation sur l'avenir de la centrale nucléaire. A l'instar des socialistes, les Verts souhaitent que le peuple puisse être consulté le plus rapidement possible.
Sur la droite de l'échiquier politique, l'UDC rappelle qu'elle est opposée à une sortie du nucléaire. Le PLR estime que l'exécutif se laisse influencer par initiative idéologique. Il s'oppose à l'idée de fixer une date butoir.