Le retraité biennois qui avait tenu la Suisse en haleine durant dix jours en septembre 2010 comparaît depuis lundi devant le tribunal à Bienne. Celui que la presse a désigné sous le nom de "forcené" n'a pas fait de révélations sur les zones d'ombre entourant sa cavale.
Le presque septuagénaire - il aura 70 ans cette année - s'est présenté comme une victime d'un Etat policier qui n'a cessé selon lui de le harceler. Dans un discours parfois décousu mais aussi combatif, il a dénoncé tour à tour la justice, la police et les autorités, accusées d'opprimer le peuple. Jamais il n'a mis en doute le bien-fondé de ses actes.
"C'était une guerre"
Interrogé par le président du Tribunal Jura bernois-Seeland Markus Gross sur les circonstances de l'intervention policière, Peter Hans Kneubühl répète qu'il n'était pas l'agresseur et qu'il n'a fait que se défendre face à ce qu'il considère comme une atteinte à sa vie. Il ne répond pas au président lorsque celui-ci lui demande s'il a tiré sur les policiers.
Lors de cette intervention pour neutraliser le retraité retranché chez lui, un homme de l'unité d'élite Gentiane avait été grièvement blessé à la tête. Pour le "forcené" qui affirme avoir voulu sauver sa vie et sa maison, "c'était une guerre, c'était le chaos". Il a affirmé que la police avait ouvert le feu dans la nuit du 8 au 9 septembre 2010, même si les expertises démontrent le contraire.
"Ma soeur est le diable"
Son ressentiment à l'égard de l'autorité remonte avant cette année 2010. La lecture d'extraits de ses carnets de notes permet en effet de cerner un homme qui se sentait harcelé. Le Biennois accuse aussi sa soeur d'être à l'origine d'une machination contre lui. "Ma soeur est le diable". Parfois loquace quand il dénonce l'Etat, il reste muet lorsqu'on lui demande où il était entre 1992 et 2000.
La justice devra dire au terme de ce procès si cet homme détenu à la prison de Berthoud (BE) doit être déclaré irresponsable de ses actes. Le Ministère public régional a renoncé à l'inculper. Il recommande au tribunal de prononcer une mesure thérapeutique stationnaire dans une unité psychiatrique fermée. Cet avis repose sur les conclusions d'une expertise qui relève que Peter Hans Kneubühl souffrait d'importants troubles délirants au moment des faits.
Cet admirateur de George Orwell n'aurait ainsi pas été en mesure de se rendre compte du caractère illicite de ses actes. Le retraité rejette en bloc les conclusions du rapport. Assumant lui-même sa défense même s'il bénéficie d'un avocat commis d'office, Peter Hans Kneubühl se montre pointilleux et procédurier quand il pose des questions au policier de l'unité d'élite blessé dans la nuit de 8 au 9 septembre 2010.
L'audience avait en effet débuté avec le témoignage de ce policier qui a donné des détails sur cette opération menée pour neutraliser l'homme assis à quelques mètres de lui. Aujourd'hui, le policier qui s'est porté partie plaignante souffre encore de douleurs à la tête. Il a repris son travail à 80% mais a quitté l'unité d'élite.
Verdict la semaine prochaine
A l'ouverture de son procès, le "forcené" de Bienne a fait une entrée remarquée. Imposant par la taille, il a toisé quelques instants la trentaine de journalistes présents dans la salle bondée avant de s'asseoir. Il a donné tout au long de ce premier jour du procès l'image d'un presque septuagénaire alerte et attentif. Il connaîtra la semaine prochaine le verdict des juges.
Le retraité s'était retranché chez lui pour s'opposer par la force à la vente aux enchères de sa maison. La police avait bouclé une partie du quartier des Tilleuls et entrepris le siège de sa maison. Mais l'homme avait réussi à échapper aux forces de l'ordre. Il était arrêté après huit jours de cavale. Le forcené n'a jamais dévoilé les circonstances de sa cavale.
ats/vkiss