Modifié

Centrale nucléaire de Mühleberg, une installation controversée

Vue aérienne de la centrale nucléaire de Mühleberg (gauche) avec, en amont, le barrage de Wohlensee (droite).
Vue aérienne de la centrale nucléaire de Mühleberg (gauche) avec, en amont, le barrage de Wohlensee (droite).
Quels sont les dangers liés à la centrale nucléaire de Mühleberg?A combien se montaient les coûts pour la sécuriser? Quelle quantité d'électricité produit-elle? Portrait de cette installation nucléaire qui se fermera en 2019.

Située sur les bords de l'Aar dans le canton de Berne, la centrale de Mühleberg a été mise en service en 1972. Elle est exploitée par BKW SA (Bernische Kraftwerke), ex-Forces motrices bernoises (FMB), qui réinjectent l'électricité, produite via la centrale, dans le réseau de distribution.

Production:

Plus petite installation nucléaire suisse en termes de puissance, elle produit 2900 GWh chaque année (environ 10% de la production du pays), soit une production électrique équivalent à plus de 800'000 ménages.

L'année dernière, la centrale a produit une quantité record d'électricité avec 3117 GWh de courant redistribué dans le réseau suisse (900'000 ménages).

Les risques:

Plusieurs problèmes ont été détectés dans la centrale, notamment des fissures dans le manteau du réacteur. De nouveaux moyens de refroidissement doivent également être installés à terme, selon l'inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSMN). En effet, l'eau provient directement de l'Aar et l'IFSN préconise la mise en place d'une installation qui soit indépendante du fleuve.

En outre, le barrage de Wohlensee, situé 1,3 km en amont de la centrale, ne répondrait pas aux normes de sécurité. Vulnérable en cas de séisme, il menacerait à la fois la centrale et les habitants de l'agglomération de Mühleberg, selon un rapport d'experts indépendants commandé par Greenpeace.

A noter encore que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a constaté certains manquements dans l'exploitation, la gestion et la surveillance du site.

>> Lire : La centrale de Mühleberg épinglée par des experts internationaux

Les coûts:

Devisés dans un premier temps à 170 millions de francs, les travaux de maintenance sur le manteau du coeur du réacteur, la sécurité sismique ainsi que la réalisation d'un système diversifié d'évacuation de la chaleur coûteront bien plus cher, selon les FMB.

>> Lire : La sécurisation de la centrale de Mühleberg sera plus chère que prévu

Les oppositions:

En 2012, les opposants à la centrale avaient remporté deux victoires importantes. Le Tribunal administratif fédéral (TAF) avait contraint en août le DETEC à examiner les griefs émis par les riverains de la centrale suite à la catastrophe de Fukushima.

En mars, le TAF avait également donné raison aux opposants qui demandaient des impératifs de sécurité imposant une limitation de l'autorisation d'exploitation de la centrale jusqu'à fin juin 2013.

Toutefois, peu après, le Tribunal fédéral avait accepté le recours des Forces motrices bernoises et annulé le verdict du Tribunal administratif fédéral. Le TF jugeait alors qu'il était du ressort des FMB s'assure la sécurité de la centrale.

>> Lire : Les réactions pleuvent après le sursis accordé à Mühleberg

Le 30 octobre 2013, la société BKW (ex-FMB) a décidé de définitivement déconnecter Mühleberg du réseau en 2019.

>> Lire : La centrale de Mühleberg sera déconnectée du réseau en 2019

Et maintenant?

Jusqu'à la fermeture en 2019, les exploitants entendent utiliser les six dernières années pour mettre en oeuvre plusieurs projets de rééquipement, concernant notamment l'optimisation du système d'alimentation.

Au total, les investissements dans l'exploitation et la maintenance de l'installation bernoise s'élèveront à près de 200 millions de francs, dont 15 millions pour des mesures extraordinaires.

On ignore pour l'heure ce qu'il adviendra du site de Mühleberg après la fermeture de la centrale, comment elle sera remplacée et qui paiera pour sa désaffection.

Mathieu Henderson avec agences

Publié Modifié