En analysant des sédiments du fond du lac de Bienne, des géologues de l'Université de Genève ont découvert par hasard une concentration de césium 137 supérieure à la normale, révèle Le Matin Dimanche.
Selon les scientifiques, cette concentration inhabituelle provient du rejet d'eaux contaminées de la centrale nucléaire de Mühleberg, qui seraient survenus aux alentours de l'an 2000.
S'exprimant sur la RTS, Stéphanie Girardclos, de la Section des sciences de la Terre et de l'environnement de l'UNIGE, a déclaré que les chercheurs ont examiné les différentes sources possibles et sont "arrivés à la conclusion que cela devait être la centrale de Mühleberg qui avait émis plus de radioactivité dans ces années-là".
Santé humaine pas menacée
Si les valeurs relevées restent bien au-dessous du seuil de menace pour la santé publique, le fait que ces mesures soient restées inconnues jusqu'à aujourd'hui démontre l'inefficacité du système de surveillance, note l'hebdomadaire.
En effet, ni les autorités ni la population n'ont été informées de ces relevés anormaux, qui ont été attribués à l'époque à des erreurs de mesure. Aujourd'hui, la surveillance serait toujours insuffisante, selon les spécialistes interrogés par Le Matin Dimanche.
En 1998 et 1999, le réacteur de Mühleberg avait été arrêté en urgence à deux reprises pour des problèmes techniques. Mais ses responsables, aussi interrogés par la RTS, assurent qu'aucune eau contaminée n'a été rejetée dans le lac.
ptur
Greenpeace veut une enquête
Greenpeace exige une enquête à la suite de ces révélations.
Ce qui dérange surtout l'organisation de protection de l'environnement, c'est le secret qui a prévalu. L’Inspection fédérale de la sûreté nucléaire doit clairement expliquer pourquoi elle n’a rien su des rejets radioactifs ou n’a rien communiqué à ce sujet, écrit Greenpeace dans un communiqué.
Selon l'organisation, le Ministère public bernois doit ouvrir une enquête et clarifier dans quelles circonstances les FMB, qui exploitent la centrale de Mühleberg, ont déversé cette radioactivité dans l’Aar et si les valeurs légales ont été respectées.
L'ex-maire de Bienne pas au courant
L'ancien maire de Bienne et conseiller aux Etats Hans Stöckli assure dans la presse dominicale ne pas avoir été informé d'une telle situation, alors que près des deux tiers de l'eau potable de la ville proviennent du lac.
Andreas Hirt, d'Energie Service Bienne a lui précisé à la RTS que "les concentrations révélées par l'étude ne sont pas plus dangereuses que la radioactivité que l'on trouve dans la nature".