La justice bernoise répond à une dénonciation pénale déposée par l’ONG Trial International, qui lutte contre l’impunité des auteurs de crimes contre l'humanité. Ousman Sonko a déposé en novembre une demande d’asile en Suisse. Il vivait depuis comme simple requérant dans un centre de transit du Seeland bernois. Il est désormais sous les verrous.
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Le Tribunal régional des mesures de contraintes du Jura bernois-Seeland avait jusqu'à dimanche soir pour décider de son placement en détention préventive. C'est désormais chose faite, avec une mesure limitée pour l’instant à trois mois.
Hébergé comme simple requérant
Ousman Sonko est un tortionnaire et meurtrier présumé. Le fait qu'il ait pu, en toute tranquillité, se retrouver dans un centre cantonal de transit, où il était libre de ses mouvements, potentiellement dans le même dortoir que ses victimes gambiennes, a soulevé de nombreuses questions.
Le directeur bernois de la police et des affaires militaires Hans-Jürg Käser peine à cacher son agacement. Comment la justice cantonale devrait-elle pouvoir mener convenablement une enquête qui concerne la Gambie? Selon lui, c'est à la Confédération de s’en charger, et il était faux de transférer Ousman Sonko dans un centre cantonal.
Enquête confiée au MPC?
Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) estime pour sa part qu'il a informé correctement les organes fédéraux et cantonaux compétents. Ce n'est toutefois que grâce aux révélations de la télévision SRF la semaine dernière que ceux-ci ont apparemment pris la mesure de l'ampleur de l'affaire.
Par ailleurs, à en croire Christof Scheurer, suppléant au Parquet général bernois, l’enquête pénale sera très probablement confiée au Ministère public de la Confédération (MPC). La justice bernoise va déposer une demande en ce sens ces prochains jours.
Alain Arnaud/kkub