On saura dans trois mois si la cité prévôtoise reste bernoise ou si elle devient jurassienne. Tout comme le Jura, le canton de Berne aura droit à deux pages dans la brochure officielle qui sera envoyée aux électeurs, à côté de celles de la Municipalité de Moutier, qui en mettra autant qu'elle veut.
Berne fait montre de sobriété, de pragmatisme et de modestie pour énumérer les avantages qu'aurait Moutier à opter pour le statu quo. Le canton avance la garantie du maintien ou du développement des acquis dans les domaines de la formation, de l'emploi, de l'économie ou de la culture, notamment.
Un scrutin à portée romande voire nationale
Mais au-delà de ces arguments pratiques, la Délégation aux affaires jurassiennes souligne l'importance du scrutin pour tout la Suisse. Elle déplore le "bonus de sympathie" dont bénéficient, vus de l'Arc lémanique, les partisans d'un départ vers le Jura.
Le canton de Berne est aussi un canton romand, qui défend les intérêts romands et dont la Suisse romande profite, rappelle la délégation. A supposer que Moutier s'en aille, la minorité francophone du canton de Berne perdrait environ 10% de ses membres, ce qui pourrait inciter une partie des Alémaniques du canton à accorder moins d'importance à sa dimension romande.
Les Romands paradoxalement affaiblis?
Cela pourrait aussi nuire aux intérêts spécifiques de la Suisse occidentale, que Berne défend en assurant ce fameux rôle de pont entre les communautés linguistiques. Du coup, si les Prévôtois décidaient de rejoindre le Jura, ils pourraient paradoxalement affaiblir les Romands dans leur ensemble, et spécialement dans l'Arc jurassien.
Alain Arnaud/oang