La position séparatiste des autorités de la Ville de Moutier depuis plusieurs décennies inciterait certains pro-Bernois à rester discrets, estime Jean-Pierre Graber, président de Force démocratique et pour le maintien de la ville dans le canton de Berne: "Il règne une sorte de chape de plomb à Moutier et il est extrêmement difficile pour les personnes qui ne sont pas impliquées politiquement de s'afficher clairement du côté antiséparatiste. On en a des échos presque quotidiens depuis quelques semaines, sinon depuis quelques mois", a-t-il expliqué mardi sur les ondes de la RTS.
Même constat pour Patrick Tobler, président de l'UDC du Jura bernois et résident de Moutier: "Certaines personnes ont vraiment peur et préfèrent ne rien dire (...) Il y a des phrases qui sortent souvent tels que 'moi, je ne salue pas le groin' (en référence aux pro-Bernois qui étaient surnommés les Sangliers dans les années 1970, alors que les séparatistes étaient appelés les Béliers, ndlr)". Une situation qui, selon Patrick Tobler, pousserait des commerçants à ne pas afficher de position, de peur de perdre leur clientèle.
Surprise chez les séparatistes
Du côté des pro-Jurassiens, on se dit surpris de ces accusations de muselage: "Il y a peu de personnes qui veulent prendre la parole pour le non. Peut-être parce qu'il n'y en a tout simplement pas beaucoup. Il y a aussi des autonomistes qui n'ont pas voulu prendre position, parce qu'ils ne veulent pas perdre de la clientèle", a rétorqué Laurent Coste, président du Mouvement autonomiste jurassien et chef de campagne pour le oui.
Ce dernier a indiqué également qu'il regrettait un débat peu constructif: "Pour l'instant, en termes d'attaques et de coups bas, je dirais que l'affiche de l'UDC patronnée par Monsieur (Patrick) Tobler ne vole pas très haut et ne va pas dans le sens d'une élévation du débat." Mais malgré "quelques dérapages", le climat actuel à Moutier ne ressemble en rien à l'ambiance explosive des années 1970, a-t-il concédé.
A noter que le silence des antiséparatistes peut aussi s'expliquer par un certain ras-le-bol de la Question jurassienne qui les poursuit depuis des décennies. Reste que le taux de participation sera déterminant le 18 juin pour décider du sort de Moutier.
Alain Arnaud/hend