L'extension du Musée des Beaux-Arts de Berne suscite l'ire des architectes

Le système de climatisation du musée serait sur le point de rendre l’âme et une mise au concours retarderait le début des travaux, explique le conseil. C'est pourquoi il a décidé de confier le mandat à un bureau d’architectes bernois qui avait déjà été choisi il y a quelques années pour l’extension du musée.

Le projet, repoussé à deux reprises, est devisé à quelque 40 millions de francs. Selon les responsables de l'institution, l’urgence de la situation justifie d’un point de vue juridique l’absence d’un d’appel d’offres.

Mais ces explications sont contestées par plus de 30 bureaux d’architectes de la place. L’un d’entre eux rappelle que les plus beaux musées dans le monde ont vu le jour après des concours d’architecture, et non pas parce que le directeur avait un architecte parmi ses connaissances.

Dossier en mains du gouvernement bernois

D’autres soulignent que 32 des 40 millions prévus pour le Musée des Beaux-Arts (Kunstmuseum) viendront du canton, et que le projet est donc soumis à la loi sur les marchés publics. Celle-ci précise qu’on ne peut se passer d’un appel d’offres qu’en situation d’urgence. Les plaintes sont adressées au Conseil exécutif bernois, qui va devoir décider s’il y a vraiment lieu d’évoquer l’urgence dans le cas précis.

Cette nouvelle affaire intervient alors que la scène culturelle de la ville fédérale vit sous le signe des restrictions budgétaires. La semaine dernière, l’Office fédéral de la culture coupait les trois quarts de sa subvention au Musée alpin. Il recevait un million et devra se contenter désormais de 250'000 francs. La même semaine, le million fédéral pour soutenir les efforts culturels particuliers voulus par le rôle de capitale de la ville partait en fumée.

Milieux culturels en ébullition

Les esprits s’échauffent autour de ces coupes et les réactions des responsables culturels sont très vives. L’ancien maire de Berne et conseiller national Alexander Tschäppät déclarait samedi dans le quotidien Der Bund qu’il se battrait pour le maintien de ce million, estimant que sa ville méritait même davantage, et qu’il n’y avait aucune logique à largement soutenir la Genève internationale tout en coupant les vivres à la capitale.

Mais dans le même journal, plusieurs élus fédéraux estimaient pour leur part que ce million était un reliquat d’un autre temps, et qu'il n’avait aujourd’hui plus aucune raison d’être.

Alain Arnaud/oang