"C'est un projet très important pour le canton", a indiqué vendredi à Fribourg le conseiller d'Etat Maurice Ropraz, chef de la Direction de la sécurité et de la justice (DSJ). "Le risque s'est accru dans notre société ces dernières années et fait partie du travail quotidien des autorités", a précisé le ministre libéral-radical.
Il s'agit par exemple de prévenir des tragédies comme l'attaque de passants à la hache dans le canton de Saint-Gall en 2017, le meurtre d'un responsable d'un service social communal, dans le canton de Zurich en 2011, ou le saccage à la masse du service social de Romont en 2017.
Cadre plus général
Il s'agit de créer un cadre, via la révision de la loi sur la police cantonale, pour mettre en œuvre un concept de gestion des menaces. "La révision s'inscrit dans un cadre suisse obligeant les cantons à répondre aux recommandations publiées par le Réseau national de sécurité sur la radicalisation et l'extrémisme violent".
L'idée consiste à prévenir tout abus ou toute dérive, a ajouté Maurice Ropraz, qui s'est empressé d'écarter toute volonté de fichage. L'action concerne plusieurs services, en particulier en lien avec la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS), confrontés à des personnes à risque et des quérulents.
La future Unité de gestion des menaces (UGM), "au coeur du dispositif", devra identifier le potentiel danger que peuvent constituer des personnes ou des groupes, comme le recours à des actes violents contre autrui. Il s'agit ensuite de l'évaluer et de finalement de le désamorcer, a détaillé le conseiller d'Etat.
Auteurs souvent connus
"Les auteurs sont déjà connus des autorités dans 50% des cas", a poursuivi Philippe Allain, commandant de la police cantonale, évoquant des "cas connus mais pas judiciarisés". "L'UGM agira en amont, avant le passage à l'acte avec une prise en charge", a précisé le capitaine André Progin, chef de projet en rapport avec cette unité.
La révision de la loi sur la police cantonale pourrait prendre effet au premier semestre 2020. Quant au Grand Conseil, il devrait être saisi du dossier au deuxième semestre de cette année.
ats/sjaq
L'UGM, une petite équipe
L'Unité de gestion des menaces (UGM) sera composée de deux à trois personnes pour traiter cent cinquante cas par an. Elle comportera des femmes et des hommes, bilingues, et agira en réseau pour désamorcer les risques. Les échanges surviendront dans un cadre légal et le Conseil d'Etat aura la haute main sur le tout.
Les cas à traiter concernent rarement un seul registre, la violence étant multiforme: radicalisation, extrémisme violent, mais aussi violence domestique, violence autour du sport, troubles potentiels à l'ordre public et traque furtive (stalking).
L'UGM bénéficiera du soutien d'un groupe d'experts dans le domaine mental et psychosocial, nommé par le Conseil d'Etat, sur recommandation du DSJ. Il y aura la possibilité de pratiquer des entretiens préventifs.