Dès la prochaine rentrée scolaire, 157 profs manqueront dans les rangs de l'enseignement public fribourgeois. Dans les années à venir, une centaine d'équivalents plein temps entre 58 et 65 ans quitteraient leur poste. D'un côté, la réforme en cours de la caisse de prévoyance du personnel de l'Etat (CPPEF), source de tensions depuis son annonce. De l'autre, la faute au nombre insuffisant de places à la Haute école pédagogique (HEP), qui n'arrive pas à répondre aux besoins des écoles.
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Invité jeudi dans La Matinale de la RTS, le président du gouvernement Jean-Pierre Siggen montre du doigt la révision de la caisse de pension. "Cet événement est venu complexifier la situation tendue entre le nombre d'enseignants nécessaire et nos besoins", explique jeudi l'élu PDC. Plus généralement, "il y a une inquiétude de tous les employés, ce qui se comprend tout à fait car des conditions défavorables se préparent."
Un pavillon pour accueillir plus d'étudiants
"L'effet provoqué par la réforme est un effet 'vagues' qui se portera sur deux, trois années", poursuit Jean-Pierre Siggen. "Après, on retrouvera un rythme de croisière. On essaie de faire une répartition de l'augmentation qui tienne sur cinq, dix ans." Il se montre confiant: "On a la capacité de trouver les enseignants. La profession conserve tout son attrait: nous avons plus de demandes que de places de stage." La direction de l'instruction publique va augmenter le nombre d'admis à la HEP.
Des locaux manquent pour accueillir ces profs aspirants. Dès 2020, un pavillon en construction à la Haute école permettra de former 160 jeunes. "C'est une réaction d'urgence à l'annonce de la réforme des caisses", précise le président du gouvernement fribourgeois. "A moyen terme, il s'agira bien sûr de développer l'école en conséquence."
Paradoxe d'un canton attractif
Cette pénurie est-elle un paradoxe pour un canton fortuné qui attire de plus en plus d'habitants? "Par ses impôts, Fribourg produit des recettes annuelles de 1,5 milliard, mais nous dépensons 3,5 milliards. Les autres cantons et la Confédération nous donnent deux milliards", nuance Jean-Pierre Siggen.
La croissance démographique de Fribourg est un "défi à relever", sur fond d'assainissement de la caisse de prévoyance. "La réforme doit encore passer plusieurs étapes", rappelle le politicien. "Il s’agit de trouver une solution avec les partenaires sociaux, puis passer au Grand Conseil, et enfin en votation populaire. La tension va certainement rester assez élevée."
"Miser sur la qualité de l'enseignement"
Interviewé dans le 19h30, Samuel Rohrbach, président du Syndicat des enseignants romands, estime qu'il existe tout d'abord un "problème de natalité" qui dépasse le canton de Fribourg: "D'ici 2025, 38'000 élèves sont attendus en Suisse. Il faudra donc retrouver 7000 enseignants, sans oublier qu'il faut également compenser les départs à la retraite".
Pour lutter contre cette problématique, il juge qu'il faut avant tout miser sur "la qualité de l'enseignement, l'attrait du métier et sa revalorisation par diverses méthodes, en rendant la formation initiale et les conditions de travail attractives".
Propos recueillis par Ludovic Rocchi/fg
Adaptation web: Alexia Nichele
Vers la fin d'une rente à vie pour les conseillers d'Etat
La suppression de la rente à vie pour les conseillers d'Etat est en discussion jeudi au Grand Conseil. "Il est difficile de demander des efforts à tous les employés et être en dehors du système", estime aussi Jean-Pierre Siggen, en faveur du projet de loi.
"On était déjà sur cette route: la rente à vie avait été supprimée pour les conseillers d'Etat de moins de 50 ans. Aujourd'hui, on va au bout. Le Parlement décidera probablement ce matin et il faudra mettre tout cela en place."