L'église catholique romaine a fait cet après-midi à Fribourg un geste de réparation envers les victimes d'abus sexuels par des religieux, en installant une plaque qui rappelle ces délits dans la cathédrale de Fribourg. L’installation d’un tel mémorial, dans lequel l'église assume sa responsabilité, constitue une première en Suisse.
"Nous avons érigé cette plaque pour témoigner des souffrances endurées par les victimes des abus sexuels commis dans ce diocèse par des prêtres et autres personnes engagées dans l'Eglise. Cette démarche est aussi une demande de pardon et une invitation à la communauté à rester vigilante", peut-on lire sur la plaque en verre apposée sur l'un des murs à l'intérieur de l'édifice.
Emplacement controversé
Sa pose ne s'est pas faite sans complications et a suscité de nombreuses discussions entre les différents acteurs impliqués dans la vie de la cathédrale: canton, diocèse, conseil de paroisse, chanoines... Même le patrimoine a eu son mot à dire au vu de l'importance historique du bâtiment. Ainsi, la plaque a failli finir dans le tambour de l'édifice, c'est-à-dire le sas d'entrée en bois entre les portes intérieures et extérieures, avant de rejoindre finalement l'intérieur du lieu saint.
"Ne pas se contenter de demander pardon"
Interrogé dans le 19h30 de la RTS, l'évêque de Genève, Lausanne et Fribourg Mgr Charles Morerod, très touché au moment de lire le texte qui figure sur la plaque, a partagé son émotion: "Il y avait là des victimes que je connais. Quand je les rencontre dans ce contexte, c'est clair que je suis ému".
"Il ne faut pas se contenter de demander pardon, mais minimiser au maximum" les risques que de tels faits ne se reproduisent, a-t-il poursuivi, invitant toutes les victimes à parler, et "d'abord à la police", pour éviter de futurs abus. "Les victimes ne tourneront jamais la page pendant leur vie. Je me garderai bien de leur dire qu'aujourd'hui, on peut tourner la page", a terminé l'évêque.
Les victimes ne tourneront jamais la page pendant leur vie. Je me garderai bien de leur dire qu'aujourd'hui, on peut tourner la page
Sujets radio et TV: Maurice Doucas / Carlos De La Iglesia, Nicolas Beer
Adaptation web: Vincent Cherpillod