Dans la rivière de la Sarine, une vase épaisse et visqueuse alarme de plus en plus les pêcheurs fribourgeois. Ces résidus sont un frein conséquent à la reproduction des poissons. Alors que la nase a déjà disparu du cours d'eau, c'est au tour des truites et des ombres d'être à leur tour menacées et c'est tout un écosystème qui semble être en péril.
"Il n'y a plus qu'environ 3-4 mètres de place au milieu de la rivière qui permet d'avoir du gravier propre. Tout le reste est envahi par des limons ou par des algues. Tous les poissons de cette rivière ont besoin d'eau claire. Si on la laisse s'envaser parce que les crues ne passent plus, tout s'étouffe", explique ainsi Bernard Jacquet, président de la Fédération fribourgeoise des sociétés de pêche.
Des crues artificielles demandées
Les crues sont indispensables pour nettoyer le lit de la rivière, mais à cause des barrages elles ne sont plus naturelles. En conséquence, seules des crues artificielles ont un réel impact: la dernière date de 2016.
Pour les associations de protection de la nature, c'est trop peu. Elles réclament une avancée du dossier depuis maintenant deux ans.
"Nous, ce qu'on demande, c'est qu'on puisse mettre en oeuvre assez rapidement des crues artificielles sur la Sarine, comme cela avait été le cas en 2015-2016. Idéalement, il en faudrait une par année avec un débit suffisant", estime Nicole Camponovo, chargée d'affaires du WWF Fribourg.
Une position délicate pour l'Etat
La position est cependant difficile et embarrassante pour l'Etat, qui se trouve tiraillé entre les finances du Groupe E, son obligation de produire de l'énergie renouvelable avec l'hydraulique et la nécessité de protéger l'environnement.
C'est ce qu'explique Jean-François Steiert, conseiller d'Etat en charge de l'Environnement: "Il faut trouver un équilibre entre les deux objectifs qui sont contradictoires. C'est la raison pour laquelle je souhaite rapidement mettre tout le monde autour de la table pour voir à quel rythme nous pouvons prendre des mesures supplémentaires. Légalement, le Groupe E remplit ses obligations en termes de crues, mais parfois il faut remettre en question les minimums légaux et voir s'il existe des choses supplémentaires à faire".
La dernière crue avait permis d'améliorer de 36% la qualité de l'habitat de la faune de la rivière.
Sujet TV: Clémence Vonlanthen et Melchior Oberson
Adaptation web: Tristan Hertig